Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 3 - 1832-1833.djvu/454

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considérables et les critiques des mémoires ou des ouvrages dans toutes les langues, seront soigneusement rapportés, autant que possible. Une table générale des auteurs et de leurs biographies terminera l’ouvrage et donnera le moyen de connaitre aisément tous les travaux de chaque auteur.

Comme cette publication ne peut manquer d’être utile à tous les géologues, et que sa composition difficile et laborieuse exige pour ainsi dire le concours de toutes les personnes versées dans la science, outre les conseils à donner pour la rédaction, M. Boué demande avec instance qu’on veuille bien l’aider dans la recherche des livres ou opuscules rares, et il recevra avec gratitude de telles communications.

Bien loin d’être une étude aride, M. Boué tâchera de montrer qu’un haut intérêt philosophique vient s’attacher aux recherches bibliographiques, en ce que les résultats arrangés chronologiquement et méthodiquement, sont pour ainsi dire l’empreinte de la marche progressive de l’esprit humain ; elles seules peuvent nous reporter par la pensée vers chacune des époques qui nous a précédés, et nous faire apercevoir l’enchaînement de causes très diverses et souvent peu importantes, qui ont conduit des erreurs à la vérité, ou vice versà, des idées les plus rationnelles à des absurdités complètes.

D’une autre part, l’étude de la bibliographie indique les causes du retard qu’ont éprouvé les découvertes scientifiques. Au milieu d’éclats de lumière ; on voit des époques d’obscurité, ou bien l’on trouve presque tous les esprits pendant un certain laps de temps absorbés entièrement par certaines questions, quelquefois même oiseuses, et ne rentrer dans la voie des recherches de toute espèce qu’à la naissance de quelque homme de génie, ou lorsque quelque grand évènement politique a renouvelé les idées.

Enfin, il est aussi intéressant de voir d’un côté la diversité des études auxquelles l’esprit peut se plier dans chaque individu et les résultats divers pour la société, d’efforts dirigés sur un seul but ou vers plusieurs, et de l’autre la science se perpétuer, non seulement dans certains pays, certains lieux, mais encore dans certaines familles, non pas pendant deux ou trois générations, mais durant des siècles ; tandis qu’à l’émigration de certaines familles on voit s’attacher la translation ou la diffusion de certaines idées. Ainsi on arrive successivement à mieux juger les hommes et leurs ouvrages ; les uns y gagnent ce que d’autres y perdent ; et l’influence prodigieuse des uns apparaît comme des fanaux au milieu de la foule des auteurs qui, quoique utiles matelots