Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 3 - 1832-1833.djvu/86

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Enfin, en étudiant les Alpes centrales, les roches schisteuses de l’Écosse, des Pyrénées, des Apennins et des montagnes de la Bohème, l’on y trouve une analogie frappante d’accidents qui semblent prouver que ce ne sont, d’un côté, que des schistes argileux, des grauwackes et des calcaires altérés, et de l’autre des grès secondaires et des calcaires même crétacés, modifiés de la manière la plus bizarre. Ce n’est qu’alors qu’on comprend pourquoi il y a de si grandes différences entre les grands groupes de schistes cristallins et les petits, entre les schistes placés entre la grauwacke et le granite, et ceux entre le grès vert et les roches ignées, ou le sol volcanique caché entre les gneiss ordinaires et les protogynes schisteuses.

Les fossiles ont le plus souvent disparu dans les schistes cristallins, comment en pourrait-il être autrement ; mais le petit nombre de cas où on les trouve doivent être des traits de lumière. Suivant la plus ou moins grande altération subie, les caractères originaires des roches se sont effacés. Il y a des savans distingués qui ont prononcé l’impossibilité de la formation encore actuelle de quelque chose qui ressemble aux schistes cristallins ; je ne serai pas si prompt à préjuger cette question, et je pense bien plutôt à priori que si les mêmes circonstances se représentaient, les forces encore inhérentes du globe pourraient reproduite ce qu’elles ont fait jadis.

Effaçant donc du tableau des formations le sol prétendu primordial pour en former un dépôt igné en tête des roches de cette espèce, quel besoin y a-t-il d’admettre un sol intermédiaire, puisque ces formations ne se distinguent que par des nuances d’avec celles du sol secondaire ? Reconnaissons que les anciens géologues en savaient tout autant que nous : en effet, ils n’avaient qu’une classe secondaire et une classe primaire. Werner n’a établi son sol intermédiaire que d’après sa théorie sur l’origine du sol primaire ; et ne faisons plus que trois grandes classes de formations, savoir, : les terrains secondaires, tertiaires et d’alluvion. Cela n’empêchera pas de conserver toujours soigneusement les divisions du calcaire de montagne, du grès, pourpré, de la grauwacke, d’un calcaire particulier et d’un terrain schisteux ; mais ce ne seront que des dépendances du sol secondaire.

Si cette manière de voir ne plaisait pas, ce seraient du moins les formations intermédiaires qui, seules, mériteraient, dans l’état actuel de la science, la désignation de sol primaire. Cette dénomination adoptée, le sens des mots de secondaire, tertiaire