Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 4 - 1833-1834.djvu/14

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de Thury sur les cavernes calcaires de Cusy, et sur les sables aurifères du Chéran. Ce n’était pas seulement le sujet qui attirait votre attention, c’était encore les noms illustres des observateurs. Les systèmes passent, les théories elles-mêmes vieillissent ; mais les observations des Saussure, Dolomieu, Fourrier, conserveront toute leur importance. Vous avez vu que les prévisions de ces savans, comme celles de Leibnitz, qui posaient, il y a bientôt deux siècles, les véritables bases de la science, ont eu le privilège de devancer sa marche lente et méthodique.

Nous devons reconnaître des progrès réels dans la théorie des divers phénomènes dont nous venons de vous entretenir ; et ces progrès sont, en partie, des causes ou des faits trop généralisés ramenés à une appréciation plus exacte. Les alluvions anciennes ne constituent plus une seule époque ou une seule formation. Il n’y a plus d’époque alluviale ; les caractères qui différencient les dépôts marins, sont appliqués avec succès aux produits terrestres, et les sédimens mixtes formés à l’embouchure des grands fleuves servent de lien entre les séries parallèles des dépôts pélagiques et des dépôts épigéiques.

Le creusement des cavernes et leur remplissage ne sont plus attribués à des causes uniques, toutes insuffisantes pour rendre compte de la généralité des phénomènes. Nous reconnaissons la formation et l’existence à diverses époques de cavernes littorales à caractères bien distincts. Les terrains à couches redressées et fracturées, tels que la bande secondaire du midi et une partie de la Belgique, ont montré des cavernes produit de la dislocation du sol et de l’écoulement des eaux souterraines, pendant que les terrains horizontaux montrent le même phénomène, dû à l’écoulement souterrain des eaux à travers des couches meubles. D’autres causes encore, telles que les agens ignés, pourront être reconnues comme concourant à produire des phénomènes analogues.

La présence des ossemens dans les cavernes ne peut plus être attribuée à une cause unique, soit l’habitation, soit le transport violent, soit même le transport régulier ou périodique, mais à l’action de ces diverses causes, suivant les temps et les localités. La question n’est pas de discuter sur leur importance relative, mais de bien constater, dans chaque cas, l’action de chacune d’elles, par ses effets.

Ces diverses questions nous semblent donc avoir fait de véritables progrès par l’abandon d’opinions exclusives. Reconnaissons qu’il est peu de phénomènes dans la nature qui ne soit le résultat de la combinaison de diverses causes ; et qu’en outre, des causes