Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 4 - 1833-1834.djvu/147

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pour avoir pu seulement les soulever. Il y a des blocs qui pèsent plus de 500 mille kilogrammes.

« Il est une autre considération qui ne permet pas d’attribuer à des courans la présence des blocs de granite pur ; c’est la position qu’ils occupent presque constamment ; les lieux élevés en contiennent beaucoup plus que les vallées. Ceux qu’on rencontre dans celles-ci sont évidemment descendus des coteaux qui les environnent, la configuration du sol ne peut laisser aucun doute à cet égard. C’est surtout sur le revers des collines qu’on les trouve en plus grande quantité. Ils y sont quelquefois en masses énormes.

« L’opinion de M. d’Aubuisson et de quelques autres géologues, qui attribuent ces blocs à des parties plus dures de la masse granitique ayant résisté è la décomposition, me semble aussi peu admissible que l’hypothèse de leur transport par des courans ; d’abord parce qu’ils manquent dans beaucoup d’endroits, qu’ils n’adhèrent pas au granite jaunâtre, qu’ils reposent seulement au milieu de lui comme dans un berceau ; ensuite, parce qu’on en rencontre sans presque aucune trace d’altération dans des alluvions qui les ont recouverts.

« En considérant attentivement les blocs de granite pur, l’état désordonné de leur forme et de leur gisement témoigne, selon moi, qu’ils sont dus à un redressement des couches inférieures. Sont-ils contemporains du granite qui les entoure, ou bien ont-ils été mis au jour par une révolution subséquente ? Je n’hésite pas à me déclarer pour cette dernière opinion. L’un me semble avoir été produit à l’état de fluidité, et avoir subi de grandes modifications par le refroidissement ; l’autre paraît, au contraire, être venu au jour à l’état solide par une révolution subite et violente. Les blocs sont entassés en désordre les uns sur les autres sans aucune adhérence entre eux. Souvent on en rencontre deux ou un plus grand nombre qui ont été fendus par le choc, dont les parties ne sont pas éloignées d’un centimètre, sans pourtant se joindre en aucun point. Ces phénomènes me paraissent confirmer pleinement l’idée que les blocs n’ont subi d’autres modifications, depuis leur apparition, que celles des agens atmosphériques, qui ont détruit les angles en contact avec eux, et un peu rouillé leur surface.

En admettant l’opinion ci-dessus comme la plus probable, étant plus en rapport avec les faits, je suis loin de la présenter comme mathématiquement démontrée ; c’est une hypothèse que je présente aux observations des géologues, et à l’examen de la Société géologique.