Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 4 - 1833-1834.djvu/174

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rouge est distinctement en filon dans le porphyre noir, tandis qu’on avait adopté l’idée contraire. Mais pour achever ma démonstration, je vais continuer l’exposé de mes observations de détail.

Sur la rive opposée et occidentale du lac se présentent les mêmes modifications des mélaphyres. Au-devant de soi on a au N. le cône obtus et isolé du Monte Salvatore, s’élevant à environ 2,000 pieds sur le lac, et reposant par son côté septentrional distinctement et immédiatement sur le porphyre noir. La nature dolomitique si parfaite des roches de cette montagne a été décrite par M. de Buch avec autant d’exactitude que d’élégance, et l’on avoue avec plaisir qu’aucun type meilleur n’aurait pu être trouvé pour servir d’exemple à la théorie de la dolomisation. Néanmoins la force démonstrative de ces apparences perd un peu de son importance, lorsqu’on se porte de la limite méridionale du Monte Salvatore vers son bord au N., près de Lugano. Dans ces lieux, à mesure qu’on s’éloigne du porphyre noir, on voit se développer petit à petit de la dolomie, un calcaire compacte, roche d’abord très cassante, et divisée en petits fragmens angulaires ; puis devenant une seule masse gris de fumée, et divisée en lits d’un pied à un pouce d’épaisseur. La direction des couches est environ h. 8 et l’inclinaison forte au S.-O. Ainsi, en approchant de Lugano, on s’approche de leurs parties inférieures, et on y voit d’abord nous le calcaire, le grès de SantMartino, indiqué par M. de Buch.

Ce grès est argileux, micacé, rouge foncé, comme le grès bigarré ou le grès rouge secondaire de l’Allemagne septentrionale. Ce grès argileux passe par des mélanges insensibles au calcaire superposé, et s’y lie par une stratification en tout conforme. Deux dépôts, l’un arénacé, l’autre calcaire, se sont succédé sans interruption. Sous ce point de vue, il est étonnant de voir une si grande partie de ce grès être le dernier produit d’un agglomérat très distinct, qui renferme des cailloux mêlés de toutes les variétés des porphyres bordant le lac.

« M. de Buch a nié, il est vrai, cette dernière particularité : « Un examen attentif, dit ce grand savant, a prouvé que l’agglomérat curieux qui sépare le schiste micacé de la dolomie à Saint-Martin près de Lugano ne contient ne des débris de porphyre rouge quarzifère, quoique souvent on serait tenté de les croire combinés avec d’autres appartenant au mélaphyre. »

J’avoue à regret ne pouvoir adopter cette proposition, car l’agglomérat offre des cailloux nombreux, et même de la grosseur du poing, qui ne sont que du mélaphyre incontestable et sans quarz, et même ils dominent dans certaines couches, où ils sont