Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 4 - 1833-1834.djvu/23

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imitée, et toute carte, non de topographie, mais de géographie géognostique, devra être construite d’après ce système, sur l’horizon du principal entrecroisement des chaînes d’une contrée étendue.

La discussion, si prolongée, sur la position des lignites du Soissonnais semble toucher à sa fin ; autant qu’il nous est permis d’en juger, la divergence d’opinion repose moins sur l’ensemble du phénomène, que sur des faits ou des gisemens particuliers. M. de Beaumont a constaté l’existence des lignites, subordonnés à la partie inférieure du calcaire grossier, entre Péronne et Saint-Quentin ; mais ces lignites, suivant M. Deshayes, se distinguent de la plupart de ceux du Soissonnais, par l’absence des fossiles, notamment des espèces analogues qui caractérisent ces derniers. M. de Beaumont admet la possibilité de l’existence des lignites dans les assises supérieures du calcaire grossier, tout en maintenant que ceux du Soissonnais et de la frontière de la Champagne qu’il a observés ne sont pas dans cette position.

D’un autre côté, M. Constant Prévost admet dans le Soissonnais, comme dans les environs de Paris et dans l’île de Wight, un système argileux à lignites, presque toujours dépourvu de fossiles, constituant la formation d’argile plastique de M. Brongniart, et en outre plusieurs autres dépôts de même nature, mais avec fossiles marins et fluviatiles, subordonnés au calcaire grossier et même au gypse. C’est à ces derniers que se rapporteraient, suivant M. Prévost, la majeure partie des lignites exploités dans les vallées du Soissonnais, tandis que ceux observés par M. de Beaumont appartiendraient aux premiers. Tout se réduit donc aujourd’hui à la vérification de quelques gisemens, vérification qui nous semble d’ailleurs très difficile, tant que l’on considèrera comme contemporains tous les dépôts de même nature mais éloignés, tels que ceux de calcaires grossiers qui se rencontrent dans l’étendue d’un même bassin. Ces dépôts de lignites ont dû, à raison de leur nature, être constamment rejetés vers les rivages, et se former jadis, comme de nos jours, dans les anfractuosités où la mer était profonde et calme, pendant que les sables et les calcaires grossiers s’entassaient sur les plages et dans la direction des courans, et les galets au pied des falaises. Les lignites peuvent donc occuper des positions analogues sur les bords successifs du bassin comblé, et se raccorder avec les divers étages du bassin parisien.

Il nous semble que la plupart des difficultés de cette nature tiennent à la manière dont on n’a cessé jusqu’à présent d’envisager l’accumulation des dépôts tertiaires. On a supposé que les