Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 4 - 1833-1834.djvu/302

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Un autre exemple, non moins concluant, dans lequel un fait analogue se présente sous une forme un peu différente, est celui qui s’observe au Cruchet-du-bois-du-Mas, au S.-O. de Pont-Gibaux (Puy-de-Dôme) ; j’en dois la connaissance à M. Fournet.

Le Cruchet-du-bois-du-Mas est un petit mamelon basaltique qui forme le point de divergence de trois coulées de basalte qui s’étendent, en rayonnant, sur le plateau horizontal qui borde, à l’ouest, la vallée de la Sioule.

Deux de ces coulées, qui s’étendent vers Hauteroche et Laudine, sont horizontales et compactes dans toute leur étendue ; la troisième, au contraire, se dirige du côté de la Sioule, et, arrivée sur la pente du flanc de la vallée, elle prend la forme d’une lave scoriacée.

M. Constant Prévost a fait remarquer, avec beaucoup de justesse, que le genre de fluidité des laves et des basaltes peut être assimilé à celui de la cire ; et on peut ajouter, en continuant la même comparaison, que l’opposition des mots de lave et de basalte exprime une différence du même genre que celle qui existe entre la cire qui s’est figée en coulant le long d’une bougie, et celle qui, en tombant sur une table, y a formé une tache plate et circulaire.

Une lave pourrait être comparée à une étoffe brochée, tandis que le basalte ressemble à une étoffe unie.

Ainsi, quoique les basaltes ne soient, à prendre la chose sous le point de vue le plus général, qu’une forme particulière des laves, puisque beaucoup de coulées de laves sont de vrais basaltes dans quelques unes de leurs parties, le seul choix qu’on fait du mot Basalte ou du mot Lave pour désigner une matière fondue et solidifiée exprime une idée très précise, qui se réduit à dire que, dans le premier cas, on ne reconnaît que l’effet combiné des lois du refroidissement et de l’hydrostatique, tandis que dans l’autre on voit intervenir aussi les résultats de phénomènes dynamiques.

Ce n’est pas d’après les échantillons réunis dans une collection qu’une pareille distinction peut être établie, mais d’après l’examen fait sur place de l’ensemble. Or, l’Etna et le Cantal ont été soumis depuis long-temps par un grand nombre d’observateurs à un pareil examen. C’est de coulées de laves bien caractérisées, et non de nappes uniformes de basaltes, que l’Etna est recouvert de sa cime à sa base ; c’est de nappes uniformes de basaltes, et non de coulées de laves hétérogènes que le Cantal est revêtu. Les flancs des deux massifs sont cependant à peu près également inclinés ;