Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 4 - 1833-1834.djvu/345

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on peut encore ajouter que la distribution des fissures, qui préexistaient dans la base granitique, a dû influer sur celle de fractures produites dans la masse volcanique soulevée, et en augmenter l’irrégularité. On voit clairement qu’il n’est pas dans l’essence du phénomène mécanique supposé, que les vallées de fracture qui partent de la circonférence, se prolongent d’une manière continue jusqu’au centre du massif. Par conséquent, si la non-prolongation des vallées dont il s’agit est aussi absolue qu’on l’assure, cela ne constitue ni une impossibilité, ni même une difficulté. Il est dans la nature même des choses que de pareilles interruptions se présentent ; et, si on n’en rencontrait pas d’exemples, ce serait cela qui constituerait une véritable singularité.

L’interruption plus ou moins complète qu’éprouvent quelques unes des vallées du Cantal, avant de pénétrer dans la grande cavité centrale, n’infirme donc en aucune manière les observations directes, qui prouvent que la saillie actuelle de ce massif ne peut être que l’effet d’un soulèvement ; mais il y a plus, cette interruption est accompagnée de circonstances dont on ne peut donner d’explication plausible que dans l’hypothèse du soulèvement.

Les effets d’une violente action mécanique sont tellement empreints dans toutes les formes du Cantal, que, tout en affectant de nier son soulèvement, on a admis que des dislocations ont concouru à la production des vallées qui le découpent : mais en admettant un déchirement propre à donner naissance à des vallées, on admet par le seul fait, un soulèvement plus ou moins considérable. Il ne peut y avoir eu fracture sans qu’il y ait eu changement de forme de l’écorce terrestre. Si les points fracturés sont plus élevés que les points qui ne le sont pas, ce changement de forme a été un soulèvement. S’il y a eu soulèvement au Cantal, ce soulèvement pris en masse a été central, puisque pris dans son ensemble, le massif produit est conique, et que les vallées qui le découpent convergent dans leur ensemble vers son centre, que plusieurs n’atteignent pas, mais vers lequel toutes sont dirigées.

Pour que cette disposition convergente des vallées ne fût pas un argument en faveur de l’hypothèse du soulèvement, il faudrait qu’elle pût être expliquée d’une autre manière. Or, la disposition dont il s’agit, combinée avec les circonstances qui accompagnent la non-prolongation jusqu’au centre du massif de quelques unes de ces vallées, s’oppose à ce qu’on renouvelle à leur égard l’hypothèse presque banale d’une simple action érosive produite par des courans aqueux.