Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 4 - 1833-1834.djvu/349

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prodigieuse, qui, en faisant éclater l’écorce terrestre, ont donné naissance aux chaînes de montagnes. Nos longues et étroites murailles de trachyte, qui souvent se découpent en obélisques, sont une forme alpine des plus prononcées, placée au centre du Cantal comme un jalon naturel, destiné à nous rendre plus sensibles les affinités de sa forme.

Elles y occupent une place exactement correspondante à celle qu’occupent dans les montagnes de l’Oisans ces murailles et ces obélisques de granite, dans lesquels se divise la crête circulaire qui entoure la Bérarde. Elles rappellent également ces murailles et ces obélisques calcaires, composés d’assises horizontales, qui sont souvent restés debout sur la partie culminante d’un groupe de couches replié autour d’un axe horizontal, phénomène dont il existe tant d’exemples dans les Alpes calcaires du Dauphiné, de la Savoie et de la Suisse.

Peu de géologues sans doute se refuseraient aujourd’hui d’attribuer la cause première de l’isolement dans lequel sont restées les murailles granitiques et calcaires dont je viens de parler aux ruptures qui ont accompagné le soulèvement des Alpes : rien n’empêche d’attribuer une origine analogue à nos murailles trachytiques ; tout conduit même à l’admettre.

Il serait facile en effet d’établir, comme un fait au moins très probable, l’existence au Cantal d’une ligne de dislocation semi-circulaire, qui, prenant naissance derrière le Puy-Chavaroche, passant par la masse phonolithique du haut de la vallée du Falgoux, courant ensuite derrière le Puy-Marie, la montagne de Peyrarte et celle de Bataillouse, traversant la vallée de l’Alagnon, près du lambeau tertiaire de la Vissiére dont on a cité l’inclinaison au rebours de la pente générale, et se prolongeant derrière le plomb du Cantal, va se terminer derrière le Puy-Gros, et de montrer que c’est à cette ligne de dislocations que se sont arrêtés les vallées du Falgoux, d’Apschon et de Dienne. D’après les observations de M. des Genevez, la ligne dont je viens de parler joue souvent, par rapport aux assises du Cantal, le rôle d’une ligne anticlinale semi-circulaire, ce qui place nos murailles trachytiques dans une position exactement comparable à celle des murailles granitiques et calcaires auxquelles je les ai comparées.

Ainsi on voit que l’hypothèse du soulèvement du Cantal, bien loin de se trouver en opposition avec la disposition des traces de déchirement qu’il présente, renferme des élémens propres à expliquer, au moins par comparaison, les points de sa structure semblant, au premier abord, les plus singuliers, et qui sont les