Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 4 - 1833-1834.djvu/447

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Ces vallées sont-elles toujours accompagnées de caractères constans que l’on puisse observer dans chacune d’elles ? M. Boubée décrit les vallées de la Seine et de la Marne, et fait voir que les circonstances topographiques qui caractérisent ces vallées, qu’il choisit pour types à cause de leur proximité de la capitale, se retrouvent les mêmes dans les autres vallées de la même classe. Ces caractères sont : que l’étage inférieur qui borde la rivière, et qui très souvent est couvert de prairies, est une plaine régulière, moins large que les plaintes qui constituent les autres étages, et qu’elle est formée d’un terrain plus fertile et moins caillouteux ; enfin que les cailloux qu’on y rencontre sont moins volumineux, et que cette plaine s’élève au même niveau à droite et à gauche du lit de la rivière… que les autres étages sont demeurés d’autant plus larges, qu’ils sont plus élevés, et que l’abondance et le volume des cailloux roulés y augmente, tandis que la fertilité du terrain diminue dans le même rapport.

M. Boubée fait remarquer plusieurs autres circonstances de ces vallées, en examinant le cas où elles sont bordées par des collines abruptes, et il est conduit à cette conclusion : que les vallées à plusieurs étages offrent toutes une série nombreuse de caractères constans qui se retrouvent dans chacune d’elles.

Peut-on rationnellement attribuer le fait général des vallées à plusieurs étages à quelque cause générale qui ne soit pas en dehors des lois physiques du globe ?

M. Boubée cherche à prouver que chaque étage de ces vallées offre les mêmes caractères que le lit du fleuve actuel, et dès lors il considère chaque étage comme ayant été autrefois le lit même de la rivière ; et trouvant que chaque étage plus élevé, et par cela même plus ancien, est plus large, et couvert de cailloux plus abondans et plus volumineux, il en conclut que le fleuve qui l’occupait était plus volumineux dans le même rapport. Il croit même qu’on pourrait évaluer approximativement le volume de ces anciens fleuves, parce qu’il y a, dit-il, des rapports nécessaires, susceptibles d’être analysés par le calcul, entre le volume moyen des eaux d’une rivière, sa vitesse moyenne, la pesanteur moyenne des galets, qu’elle charrie, et la largeur et profondeur du lit qu’elle occupe.

M. Boubée recherche ensuite, très au long, l’origine et la source de ces grandes eaux ; il distingue celles qui ont creusé le premier étage, qui est le plus large et le plus élevé. Ce sont, d’après lui, les eaux diluviennes, tandis que les étages inférieurs sont dus à des eaux postdiluviennes, et à ce sujet l’auteur cherche à prouver la