Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 4 - 1833-1834.djvu/75

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qu’il porte avec lui. Un effet analogue a lieu au contact du sol, la lave se consolide de la même manière, en enveloppant souvent les cendres, les graviers sur lesquels elle marche, de telle sorte qu’à peu de distance de sa source la matière encore incandescente et liquide est entourée de toutes parts de scories, dont la quantité augmente sans cesse à ses dépens.

Qu’un léger obstacle arrête la marche des scories, celles-ci s’accumulent comme font les glaces que charrie une rivière contre les piles d’un pont ; elles se soudent entre elles ; elles établissent des arches, des aqueducs sous lesquels la lave continue à marcher, à moins que rencontrant elle-même des obstacles, elle ne reflue ou change de direction : dans ce cas, quelquefois, après avoir soulevé en monticules arrondis les scories amoncelées, elle se divise en plusieurs branches, et elle reparaît incandescente un moment pour se couvrir bientôt de nouvelles scories. La matière fondue, qui sans cesse ou d’une manière intermittente sort par la même bouche, s’avance sur les produits du premier épanchement, elle les pénètre, les recouvre, et elle remplit en partie les anfractuosités qu’elles lui offrent, pour, à son tour, se comporter de la même manière en se refroidissant.

De là, les passages insensibles de la lave compacte à la lave spongieuse et scoriacée, les alternances nombreuses et irrégulières de celles-ci avec des scories libres, tantôt globulaires, tantôt plates, les amoncellemens de fragmens à une élévation plus ou moins considérable, l’aspect d’un sol raviné, etc.

Mille causes secondaires viennent produire des effets variés à l’infini, mais qui tous se conçoivent parfaitement lorsque l’on a vu la nature opérer, et que l’on admet les explications précédentes, en faisant la part des effets des retraits, de l’écroulement des aqueducs après l’écoulement du liquide qu’ils enfermaient, de l’augmentation ou de la diminution de l’inclinaison du sol, du mélange avec les cendres et les fragmens rejetés par les éruptions concomitantes…

Arrivé au sommet du volcan de la Nugère, on examina son vaste cratère, ses ouvertures latérales, les relations et la direction de ses différentes coulées, et le monticole de scories qui est dans l’enceinte du cratère. On se rendit au Puy de Chopine, remarquable par le contact (jusqu’à son sommet) de domites et de roches primitives (granite et amphibolite), et par l’enceinte presque circulaire que forme autour