Les roches paraissent s’être épanchées par des fentes avant qu’aucun autre produit volcanique ait percé le sol de l’Auvergne ; ils ont d’abord formé de larges nappes, qui, s’étant épanchées sur des plans peu inclinés, ont pu prendre par le refroidissement des formes prismatiques. Si le plan eût été aussi incliné qu’il l’est aujourd’hui, les trachytes auraient coulé, et n’auraient pu s’arrêter, et prendre des formes prismatiques sur un sol dont la déclivité était aussi grande. M. Lecoq assure que la coulée qui part du roc de Cuzeau, et qui descend pour former le plateau de Langle, à une pente moyenne calculée de 1 décimètre par mètre, et il a remarqué sur les couches de lave moderne de l’Auvergne qui sont évidemment en place, qu’une pente de 30 millimètres par mètre était plus que suffisante pour les empêcher de cristalliser ou de prendre des retraits prismatiques. Il est donc impossible, dit M. Lecoq, qu’à l’époque où cette nappe de trachyte s’est épanchée, le Mont-Dore ait déjà acquis l’élévation qu’il présente aujourd’hui, car non seulement le trachyte ne serait pas prismé, mais avec une pente de 1 décimètre par mètre, il ne se serait pas arrêté au point où nous le voyons maintenant ; il aurait continué de s’étendre.
« L’âge de ces trachytes est facile à déterminer ; leurs trass et leurs conglomérats entrainés par les eaux ou par les vents sont venus se déposer sur plusieurs points de la Limagne, et nulle part on ne les trouve recouverts par les calcaires ; partout, au contraire, ils sont déposés sur eux. Il paraît cependant que l’époque trachytique a suivi de près le dépôt du calcaire, car de véritables conglomérats, contenant des morceaux de trachyte assez volumineux pour qu’on ne puisse admettre que le vent les ait transportés, se retrouvent sur la rive droite de la rivière de l’Allier, dont le creusement a dû suivre de près la formation tertiaire ; en sorte que les éruptions du Mont-Dore auraient commencé immédiatement après les derniers dépôts de la Limagne, et avant que les eaux aient complètement abandonné la plaine ou elles séjournaient depuis long-temps.
« On trouve vers les points culminas du Mont-Dore des coulées d’un trachyte plus moderne que le précédent. Ces coulées, que Desmarest avait très bien distinguées, sont toujours placées au-dessus des autres ; elles sont divisées en une foule de fragmens, et renferment assez souvent du péridot. Le trachyte qui les compose diffère minéralogiquement des autres. Les coulées prouvent que le cirque qui forme le commencement de la vallée du Mont-Dore n’existait pas lors de leur formation ; car, n’éprouvant de ce