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BULLETIN DU COMITÉ

poste, le service à peine inauguré de Bombay à Bassorah, elle est médiocre dans la mer Rouge, où, tout en figurant au cinquième rang, nous ne re- présentons que 1 % de la navigation totale, qui est pour les deux tiers anglaise. Nous n'avons que 5,1%, 510.000 tonnes, dans le trafic de Constan- tinople quí s'élève à 10 millions de tonnes et où nous venons septième après même les Italiens. C'est dans la Méditerranée, sur les côtes d'Asie- Mineure, de Syrie et de Palestine que nous nous maintenons le mieux, autant du moins que nous le permet cette décadence de notre marine mar- chande, qui est certainement un des symptômes les plus inquiétants de notre situation actuelle. Après avoir tenu il y a quinze ans le second rang, nous sommes descendus au quatrième; mais nous le défendons. Nos grandes compagnies de naviga- tion, particulièrement les Messageries Maritimes, y ont acquis, au point de la régularité des services et du bon aménagement pour les voyageurs, le renom le plus honorable. Peut-être se tiennent- elles trop à ces services fixes, à escales et dates invariables; elles trouveraient sans doute avan- lage à armer un certain nombre de cargo-boats économiques, n'ayant pas de services arrêtés, mais allant prendre le fret où il se trouve, suivant les saisons et les besoins. La concurrence est en tous cas très vive dans le Levant. Une place, abandonnée un instant, est aussitôt prise. Dans cet ordre d'idées, il est à craindre que la grève de Marseille n'ait porté à notre situation une atteinte grave et peut-ètre permanente.

La Compagnie des Messageries Maritimes a dû supprimer trois départs sur quatre. La Compagnie Fraissinet a suspendu son service hebdomadaire. C'est un fait d'autant plus sérieux que, dans le Levant plus qu'ailleurs, la marchandise est asso- ciée au pavillon. Les bateaux français transpor- tent des sucres français. S'ils ne sont pas là pour en livrer, ou s'ils n'en ont pas à livrer, comme la fermeture des raffineries de Marseille, grandes exportatrices, le fait craindre pour quelque temps, nos produits seront remplacés par ces sucres hongrois amenés par le Lloyd, qui ces dernières années se sont conquis à nos dépens un marché sans cesse élargi et dont les récents rapports con- sulaires signalent les progrès (1). La révolte arabe.-Les troubles chroniques de P'Arabie du Sud prendraient, parait-il, depuis quelques mois une tournure plus menaçante. Un Arabe de la tribu des Koraïchites, dont on sait que le Prophète était originaire, s'est proclamé khalife. Il tenterait de reconstituer à son profit cet empire Quahabite qui, au milieu du siècle, groupa les tribus d'Arabie dans la foi du « nouvel Islam> également opposé aux Perses et aux Turcs, et qui ne céda qu'aux armes d'Ibrahim pacha. La révolte des tribus mountélikes, sur ie bas (1) Le Handels Museum apprend que dans le courant de l'au- tomne 1900, plusieurs cargaisons de sucre hongrois ont été débarquées à Trebizonde, d'où elles ont par leur bas prix et leur bonne qualité évincé les autres marques.

Euphrate, aurait été due à son influence. Le port arabe de Koueït, sur le golfe Persique, jadis l'arse- nal des Ouahabites, a été attaqué récemment par les indigènes du Nedjed conduits par l'émir Ibn Raschid. L'Yémen tout entier est, parait-il, dans un état de violente fermentation religieuse. Quant au nouveau khalife, Essid Hamid ed Dine, après avoir parcouru le Nedjed pour y faire de la pro- pagande, il s'est, dit-on, réfugié dans les monta- gnes de l'Yémen où il attend les événements. Le gouvernement ottoman, qui a dirigé vers le Sud un certain nombre de bataillons de troupes syriennes (environ 15.000 hommes, dit-on), ne se- rait pas sans inquiétudes en raison de la com- plexité et de l'étendue inusitée de ce mouvement qui dépasse de beaucoup en importance les ré- voltes chroniques des arabes dle l'Yémen contre le joug ottoman.

La situation de l'ile de Chypre.-Le rapport sur le dernier exercice, rédigé par le haut commis- saire britannique pour Chypre, vient d'ètre publié. Il constate que l'ile est dans un état satisfaisant, puisque, malgré une sécheresse qui a diminué la production, le commerce est resté actif et même l'importation des articles que l'ile ne peut fournir a considérablement augmenté. L'an dernier, les importations se sont élevées à 7.249.000 franes, dont la moitié a consisté en objets manufacturés, landis que Chypre a exporté pour 6.621.000 francs de marchandises, dont les deux tiers étaient des animaux vivants et des den- rées alimentaires. La Grande-Bretagne et la Tur- quie fournissent la plus grosse partie des impor- tations et, avee la France et l'Egypte, elles pren- nent la plus grosse part des exportations. Il est à remarquer cependant que l'Autriche et la France augmentent peu à peu leurs importations dans l'ile.

Les principaux produits de Chypre sont l'orge, le blé dur, les vins, et aussi la soie. Le rapport constate que lon plante un nombre grandissant de mùriers. Au point de vue financier, Chypre pourrait cou- vrir ses dépenses et au delà, n'était le tribut annuel payé à la Turquie. Les recettes, qui ont d'ailleurs été en 1899-1900 très au dessus de la moyenne, se sont élevées à 5.015.950 fr. Les prin- cipales sources de recettes sont les dimes (1.205.552 fr.), les taxes fonecières 89i.550 fr.), les douanes (761.275 707.500 fr.), Les dépenses se sont élevées à 3.367.050 fr., consacrés surtout à la police et aux travaux publics. Depuis le commencement de f'occupation bri- lannique, l'excédent total des recettes sur les dépenses, selon le rapport du haut commissaire, a été de 32.500.000 fr. Mais il a fallu payer à la Turquie un tribut dont le total s'est élevé, depuis vingt-deux ans, à un peu plus de 50 millions de francs. Le tribut annuel s'élève à 2.319.000 fr., sans compter une certaine redevance qui se paie en sel. fr.) et le droit d'excise