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DE L’ASIE FRANÇAISE

PERSE

Les efforts du commerce russe dans le golfe Persique.

Une dépêche de Bender-Boucher annonçait récemment l’arrivée dans ce port d’un navire de la Compagnie Russe de Navigation à Vapeur, envoyé sur l’invitation du ministre du commerce de Russie, désireux de voir créer une ligne de vapeurs entre les ports de la mer Noire et ceux du golfe Persique. Le navire russe s’est arrêté à Djeddah, Aden et Bender-Abbas. Il avait une grosse cargaison, composée surtout de pétrole et de sucre, denrées très demandées dans la Perse méridionale.

Mais en outre il a apporté à Bender-Boucher des représentants de diverses maisons commerciales et industrielles de Moscou et de raffineries de la Russie méridionale, chargés d’étudier les conditions du développement du commerce, entre la Russie et la Perse. Une agence commerciale russe sera établie à Boucher.

Cette preuve des efforts de la Russie pour développer dans le sud de la Perse son commerce qui est déjà si actif dans le Nord, a attiré l’attention des journaux anglais.

ASIE ANGLAISE

Le recensement de la population.

recensement qui vient d’être opéré montre que les sujets de l’Angleterre dans l’Empire des Indes sont maintenant au nombre de 294 millions, en augmentation de près de 7 millions sur les chiffres du dernier recensement décennal. Sur ce nombre, les états indigènes figurent pour 66 millions d’habitants. La Birmanie en compte 10 millions et demi, y compris les pays Chans.

L’augmentation aurait été bien plus forte si la famine n’était venue ravager une partie de l’Inde, surtout les États indigènes. La population de quelques-uns de ces derniers a diminué de 17 à 18 %, par exemple celle du Radjpoutana.

Dans tous les districts où les Anglo-Indiens ont fait de sérieux travaux d’irrigation qui ont permis de remédier à la sécheresse, cause de la famine, la population a augmenté.

Le vice-roi, lord Curzon, parlant devant son Conseil législatif, a déclaré que l’étendue des terres cultivées augmentait sans cesse. Elles ont, en effet, passé de 194.000.000 d’acres en 1880 à 215.000.000 en 1900.

La réorganisation de la frontière du Nord-Ouest.

On vient de publier à Londres un Livre Bleu contenant les documents relatifs à l’administration de la frontière du Nord-Ouest, depuis 1897. A cette date, en effet, le gouvernement britannique, qui venait de terminer toute une série de guerres, commencées après le traité Durand de 1893 — par lequel avait été fixée la frontière afghane — contre les tribus Pthanes de la Montagne, a cherché une manière rationnelle et économique d’administrer ce territoire. Jusque-là ce dernier avait relevé de l’administration du Pendjab qui, obligée de se consacrer à une grande province, ne s’occupait pas spécialement du rôle de diplomatie indigène qu’elle avait à jouer dans la difficile zone frontière. Depuis très longtemps on proposait de confier cette zone à une administration spéciale ; la plupart des vice-rois de l’Inde l’avaient demandé : il était réservé à l’actif vice-roi actuel de régler cette question. À l’avenir, un commissariat spécial aura l’administration des territoires des belliqueuses tribus du Nord-Ouest. Son ressort comprendra les districts de Peichawer, Kohal-Bamou, Déra-Ismail Khan, Dir, Swat, Tehitral, Khaibar, Kourram, Tochi, Wana.

Au point de vue militaire, le système adopté doit être le suivant : on évitera d'enfermer des troupes régulières dans des postes isolés et coûteux ; — il faut se rappeler, en effet, la peine qu’ont eue les Anglais à débloquer, pendant les dernières guerres, certaines garnisons, entre autres celles de Tchitral. Pour remplacer ces troupes, on se servira de forces levées sur place, soit de simples contingents des tribus qui recevraient un subside, soit des milices organisées sous la direction d’officiers anglais. Les troupes régulières seront concentrées sur les vraies lignes de défense. Étant moins mêlées aux indigènes, leur présence risquera moins d’irriter les tribus, portées du reste à la fidélité par les subsides dont nous venons de parler. D’ailleurs, pour aider les levées locales, des colonnes mobiles seront toujours tenues prêtes sur certains points choisis : à Malakand pour le Tchitral ; à Peïchawer pour le Khaïbar ; à Miranzaï pour la chaîne de Samana et la vallée de Kourram.

Dans ces conditions, les troupes régulières devront être retirées de Lundi Kotal, de Tchitral, de Samana, de la vallée de Kourram. Outre les avantages politiques, il en résultera une sérieuse économie.

Déjà, dans ces derniers temps, des troupes ont été levées parmi les Pathans de la montagne : deux bataillons de tirailleurs de Khaibar ; un bataillon d’Afridis-Orakzai dans le Samana ; deux balaillons pour la milice du Kourram ; deux bataillons de la milice du Waziristan.

Ce projet faisait partie de l’ensemble des préoccupations impériales que lord Curzon a apportées dans l’Inde, dont il veut faire la base de plus en plus puissante de la politique asiatique de l’Angleterre.

Les chemins de fer de Birmanie.

Un grand travail d’art, dont l’absence retardait beaucoup la construction de la ligne de Mandalay à Kunlong-Ferry, sur la frontière de Chine, le viaduc de Gokteik, à 127 kilomètres de Myohaung, la station d’embranchement voisine de Mandalay, vient d’être achevé. On espère que la facilité qui va en résulter pour la poursuite des travaux permettra d’ouvrir bientôt la ligne jusqu’à Thibaw, la principale ville des Etats-Chans du Nord, à 240 kilomètres de Mandalay, sinon jusqu’à Lasho, un peu plus loin (Kunlong-Ferry est à 48 kilomètres de