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produit une quantité considérable de sculptures, d’inscriptions, de tombeaux, de faïences, de vitraux, d’étoffes anciennes et d’ornements sacerdotaux. La publication se composerait de quatre parties : 1° Histoire de la fondation au viie siècle, des reconstructions et additions successives, des sépultures ; chronologie des 82 abbés, liturgie particulière, biens et privilèges, légendes ; 2° Description détaillée de l’état actuel, et de tous les débris d’ornementation retrouvés dans les ruines ou dans les fouilles ; 3° Examen critique des divers styles de constructions et restaurations ; 4° Projet de restauration. L’histoire de l’abbaye, composée au xviie siècle par un religieux, et restée inédite, fournirait les renseignements les plus complets sur les sépultures, les dédicaces des chapelles, etc. etc.

M. Mérimée, tout en reconnaissant l’importance d’une pareille publication, pense qu’avant de publier un monument exceptionnel comme l’abbaye de Jumiéges, dont le style n’a exercé qu’une influence médiocre en Normandie, il serait plus utile de s’occuper de monuments d’un intérêt général, dont le style a fait école. Chacune de nos provinces a eu, en quelque sorte, son architecture spéciale. Un monument du xiiie siècle, élevé dans la Provence ou dans le Languedoc, ressemble assez peu à ceux qui se construisaient à la même époque en Flandre ou en Normandie. Il faudrait choisir, comme objets d’études et de publications, des églises qui ont servi de types, celle de Saint-Front de Périgueux, par exemple, d’où sont sorties cinquante ou soixante autres églises, ou bien celle de N.-D. du Port, à Clermont, dont le modèle s’est reproduit dans toute l’Auvergne.

Le comité examine avec un vif intérêt les dessins adressés par M. Jolivet, et approuve le plan proposé pour la publication, sauf ajournement à l’époque où la situation des autres travaux permettrait de donner suite à ce projet. Des remercîments seront faits à M. Jolivet.

M. Charles de l’Escalopier soumet à l’examen du comité le moulage d’un diptique en ivoire, du xive siècle. Il paraît que l’original, conservé autrefois dans le trésor de N.-D. de Noyon, aurait été aliéné en 1816. Les bas reliefs de ce petit monument représentent les scènes principales de la Passion. Le comité y remarque une certaine analogie de style et de composition avec les vitraux de la Sainte-Chapelle de Paris. Le Sauveur, insulté dans le prétoire par les soldats, a, dans le bas relief comme à la Sainte-Cha-