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de nos paladins du xiie siècle. Des monstres, à figures hideuses, frappés de l’épée, expirent sous leurs pieds en de violentes contorsions. Au-dessus de ces héroïnes symboliques, deux autres personnages foulent d’autres monstres percés de flèches, et désignent de la main étendue un médaillon qui occupe la partie centrale du cintre : ce médaillon était garni d’un sujet qu’on regrette de n’y plus voir, car sans doute il complétait cet épisode.

La seconde gorge contient six anges tellement disposés, que la tête des deux inférieurs se réunit à celle des deux supérieurs. Ces derniers se trouvent au-dessous de deux autres qui, s’allongeant comme eux, mais jusqu’à la clef de l’arc, y soutiennent un médaillon dépouillé aussi de toute sculpture et dont la mutilation semble plus récente.

Dans la troisième gorge sont deux statuettes fort endommagées, placées de côté et d’autre dans une niche que surmonte une petite maison dont le toit est couronné par un pignon triangulaire. Sur chacun de ces pignons se dresse un ange qui, de ses bras élevés, supporte l’image, encadrée dans un disque, du Sauveur bénissant d’une main, et de l’autre tenant un livre qui repose sur sa poitrine.

Enfin, six des vieillards de l’Apocalypse, à longues barbes, à robes flottantes, tenant d’une main une longue fiole, de l’autre une viole à trois cordes, garnissent la gorge supérieure. C’est la traduction plastique du livre sacré : Seniores… habentes singuli citharas et phialas aureas, plenas odoramentorum, quæ sunt orationes Sanctorum. (Apoc. v, 8.)

Et toute cette voussure est entourée d’une archivolte où se dessine une guirlande composée d’enroulements enlacés dont les vides sont garnis de perles.

Ce bel ensemble, d’un travail délicieux, d’une délicatesse encore rare à cette époque, est remarquable par la profondeur et le relief de ses différents détails. Il repose sur des tailloirs qu’ornent des entrelacs et des feuillages variés, et que supportent de chaque côté trois colonnes en retrait, séparées par de petits pilastres triangulaires. Leurs chapiteaux, richement historiés, et sur lesquels on distingue des personnages, des oiseaux et des quadrupèdes, ont beaucoup souffert, comme quelques autres menues portions de ce charmant ouvrage.

De droite et de gauche n’ont jamais été ouvertes ni même simulées les portes latérales qui ailleurs flanquent presque toujours