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« lez et a lautre lesquelles ars soustiennent les combles dicelle eglise et chappelle.
 
« Item ladicte chappelle est volue de iii croisiees dogive[1], bouees, qui partent de dessus les reprinses[2] en telle maniere que lespoisse des voultes arrase le dessus des entablemens d’icelle chappelle. Et entre deux croisiees a ung arc doubleau[3]. Et tout au pourtour de ladicte chappelle a formerez[4] qui recoivent les tremuyes[5] desdictes voultes.
 
« Item est ycelle chappelle ordonnee dautel a chanter et de pessine bien et suffisamment.
 
« Pour ce par marchie[6] de main ferme fait aux
 
  1. Voûtée de trois croisées d’ogive.

    Dans tous les anciens traités de construction, depuis Philibert de Lorme jusqu’à Frézier, dans tous les lexiques et dictionnaires, depuis celui du père Monet jusqu’au vocabulaire de de Wailly, le mot ogive s’applique uniquement aux nervures diagonales qui se croisent dans une voûte. Ducange l’explique par arcus decussatus, en X. Ce nom n’indique jamais un arc aigu ; il y a plus, il désigne souvent un plein-cintre, ou même un arc surbaissé, comme dans le présent compte à l’article charpente, où il est question de croisées d’ogives en ence de pannier.

    Dans les anciens titres et ouvrages, le mot ogive est écrit indifféremment par au ou par o ; dans le premier cas, il doit évidemment dériver du latin augere, d’où est venu le mot roman auger, augmenter, accroître ; l’orthographe adoptée dans le second cas peut être expliquée par les vers suivants qui se trouvent dans le supplément latin de Ducange.

    « Rex regum mundi venerabilis ille Philippus
    « Catholicæ fidei calidus defenser et ogis.

    Le mot ogive ne désignait donc nullement la courbure d’un arc ou d’une voûte, mais bien une partie renforcée, un support ; encore aujourd’hui, dans le département du Doubs, on donne le nom d’ogive à un éperon et à un contre-fort. Ainsi, au xiiie siècle, on appelait voûtes croisées, les voûtes d’arêtes simples, celles que l’on retrouve dans les monuments romains et celles qui sont en usage dans les constructions romanes ; et voûtes croisées d’ogives celles dans lesquelles les arêtes étaient remplacées par des nervures saillantes ou branques d’ogives. (Comptes de la terre et seigneurie de Lucheu, archives de M. de Luynes.)

  2. Culs-de-lampes ou chapiteaux.
  3. Nervure placée entre deux voûtes.
  4. Arcs collés contre les murs, et nommés quelquefois portants, parce qu’ils supportent les moellons des voûtes.
  5. Remplissage entre les nervures, formé de petits moellons nommés pendants.
  6. Ce marché ne concerne que la main-d’œuvre.