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M. Moet rattache ce qu’on lit dans la Vie de saint Melaine d’une expédition d’Eusèbe, roi ou comte de Vannes, et de la répression cruelle exercée par ce chef dans les campagnes de Comblessac. Le biographe de l’évêque de Rennes, narrateur contemporain, ne sait pas pourquoi le roi des Vénètes s’abandonna a ces excès : nobis incertum cur, forte iratus, multorum hominum oculos erui jussit et menus evelli ; mais le savant moderne n’hésite pas. Eusèbe, qui exerçait l’autorité dans le pays de Vannes au nom du roi des Francs, n’a fait qu’obéir à Clovis quand il a réprimé cette révolte, qui est placée par Gallet, par D. Moriee et par notre auteur, en l’année 509 ; année célèbre où le fondateur de la monarchie franque se débarrasse de tout ce qui faisait obstacle ä son pouvoir, soit par la guerre, soit par l’assassinat.

Ces Frisons auraient donc été les exécuteurs des ordres de Clovis. Allant plus loin que ses devanciers, le nouvel historien les réunit avec les Lètes-Francs du pays de Rennes. Ce sont, s’il faut l’en croire, des Lètes-Francs-Frisons, tel est le nom qu’il compose pour les désigner, qui ont dévasté l’Armorique de l’an 509 à l’année 513 ; et qui, restés païens selon toute apparence, ont renversé, par exemple, les églises et les monastères que releva, quelque temps après, saint Pol Aurélien, évêque de Léon. Les Lètes-Francs-Frisons seraient même si bien devenus les maîtres du pays, que de leur nom général de Lètes, l’Armorique aurait reçu celui de Létavie.

Tel est le rôle que notre auteur assigne aux Lètes-Francs établis à Rennes très-certainement à la fin du ive siècle et peut-être même à la fin du iiio, d’après la conjecture fort acceptable du savant historien, que ces Lètes sont une colonie installée sur le territoire des Redones par Constance-le-Pâle, dès l’année 293. Mais les Frisons, qui ont été fort souvent, à n’en pas douter, les alliés et les compagnons des Francs, comme l’histoire en fait foi, ne peuvent cependant pas être,