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France, ils y trouvèrent une renaissance nationale déjà assez avancée et des hommes distingués dans les différents arts. Nous citerons, pour l’architecture, Pierre Lescot, Philibert Delorme et Jean Bulaut, grâce auxquels la France n’avait à redouter aucune comparaison ; pour la sculpture, Michel Columb, Jean Gougeon et Germain Pilon, auteurs de figures qui, dans leur exquise naïveté, peuvent être citées comme des modèles de l’art français avant sa transformation par l’art italien. On peut encore rencontrer une preuve de la valeur de nos artistes en examinant ces belles médailles offertes, à leur passage à Lyon en 1499, à Louis XII et à la reine Anne, dont elles portent les effigies. On y reconnaît un sentiment large et profond de l’art et l’intelligence de ses vraies conditions.

Quant aux peintres de la Renaissance française, il suffirait de citer Jehan Foucquet, peintre de Louis XI et de Charles VIII ; Poyer, le peintre du beau livre d’Anne de Bretagne ; Jehan Péréal, dit Jehan de Paris, qui accompagna Louis XII en Italie pour retracer dans des peintures les faits d’armes et les vues des pays, et enfin Jean Cousin, qui ne recherche : qu’à l’époque de sa seconde manière le style italien.

Un travail de réhabilitation vient d’avoir lieu en faveur du premier de ces peintres, Jehan Foucquet, longtemps victime de notre insouciance pour nos gloires nationales ; et il est triste de penser que si des étrangers, des Italiens, n’avaient pas porté témoignage de lui dans leurs écrits ; sa mémoire eût : peut-être été à jamais perdue. Vasari parle avec grand éloge du portrait du Pape Eugène IV, que Foucquet alla peindre à Rome vers 1440, et un littérateur, Francesco Florio, qui résidait à Tours vers 1470, n’hésite pas à placer ce peintre au-dessus de tous les maîtres de son art. On peut constater, en effet, dans les miniatures composées par lui pour le célèbre livre d’heures d’Étienne Chevalier, miniatures qui ont été pendant quelque temps attribuées aux Van Eyck, la science de la composition, la belle ordonnance de l’ensemble, la variété et l’aisance dans la pose des personnages, la justesse de tons, l’harmonie de couleur et la connaissance de la perspective. La fleur de sincérité et de naïveté qui donne tant de charmes aux peintures de Foucquet, et qui va se perdant à mesure que l’esprit se raffine, se trouve, avec les qualités d’un art plus avancé, dans les tableaux de quelques peintres postérieurs, dans ceux de François Clouet, disciple lointain des Van Eyck par son père Jehan Clouet, dont le prénom fit appeler François Jehannet, et dans ceux des Dumoustiers, qui conservèrent pendant quelque temps encore les traditions de l’École française, même après l’invasion de la peinture italienne, qui finit par étouffer dans son germe notre école nationale, dont les débuts donnaient cependant de si belles espérances.