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V.

A Samson, évêque de Wincester.

De mon antique ami, le flot, un flot jaloux,
Me sépare, et la mer se fait large entre nous.
Ce Pont n’a point de pont ; point de radeau tranquille
Qu’aux rives du Liger hale un cheval docile.
Moi, je trouve imprudence à confier aux vents,
Aux flots souvent trompeurs, mes destins chancelants :
Dieu, pour chaque élément, a fait diverses races :
A la mer, les poissons ; aux immenses espaces
De l’air, l’oiseau léger ; nous, au sol montueux ;
Les étoiles, la lune et le soleil, aux cieux.
Neptune règne en roi sur une race unique ;
Envahir son royaume est une chose inique
Pour nous. J’hésite donc, et vraiment je ne sais

V. — Marbodus Samsoni episcopo.

Invidet atiquum pelagi mihi fluctus amicum ;
   Oceani limes séparat unanimes.
Nec pons in Ponte, nec sunt vada pervia conte,
   Ut solet in Ligeri navis adacta geri.
Sed neque prudentis reor aut se tradere ventis,
   Aut sua, se spreto, credere fatu freto.
Æquora sunt tantum generi concessa natantum,
   Tellus gressilibus, aura volatilibus ;
Ut chorus astrorum servait convexe polorum :
   Quadrupla materies fert todidem species.
Regnum Neptuni generi sic competit uni,
   Nostra sed improbitas res it in illicitas.
Inde fit ut dubitem cautus ne pericula vitem,