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21 OCTOBRE 1897

dont l’auteur invoque l’opinion, dit que ce développement continental s’étalait « entre l’Espagne, l’Irlande et les États-Unis. » Ce développement concorde donc exactement avec celui que nous avons constaté entre le nord de l’Europe et de l’Amérique. Les plantes, les animaux et l’homme ont pu passer par ces terres du nord. Mais l’homme, essentiellement quaternaire n’a pu traverser un pont tertiaire, puis qu’alors il n’existait pas ! Supposer le contraire c’est faire exactement comme les Athéniens qui, avant leur existence, ont remporté des victoires sur les habitants de l’Atlantide.

L’auteur de L’Atlantide et le Renne « joint l’Europe à l’Amérique septentrionale par les Açores ». L’étude des Açores suffit pour bien établir le mal fondé de cette assertion. Les Açores sont un groupe d’îles, — il y a neuf îles et quelques îlots, — situées au milieu de l’Océan Atlantique, à peu près à égale distance de l’Europe et de l’Amérique. Lors de leur découverte, il y a 465 ans, ces îles non seulement étaient complètement inhabitées par l’homme, mais sauf les vertébrés volants qui émigrent facilement, n’avaient pas un vertébré terrestre. On n’y a trouvé qu’un seul petit poisson d’eau douce, qui pouvait bien être un simple changement de milieu d’un poisson marin. Cette absence complète de mammifères dans un groupe d’îles assez important pour alimenter actuellement plus de 250 000 habitants, prouve bien que ces îles ne sont pas les débris d’un ancien continent ayant servi au passage de nombreuses espèces. Si les Açores avaient fait partie de terres habitées, incontestablement, les neuf îles auraient conservé, au moins quelques-unes d’elles, des débris de la faune de ces terres.

On peut faire valoir des considérations analogues pour ce qui concerne les îles du groupe de Madère et les îles Canaries. Ces dernières bien que connues de l’antiquité classique sous le nom d’Îles Fortunées, n’avaient qu’une faune très restreinte au moment de leur découverte moderne. Cette faune ne répond pas du tout à celle d’une grande terre. Bien que distante seulement de 150 kilomètres des côtes d’Afrique, la faune malacologique terrestre est très distincte de celle de la côte voisine, ce qui montre qu’il y a eu antique séparation. Dans les îles Canaries, les mollusques terrestres ont conservé une physionomie tertiaire, preuve que la solution de continuité date de bien loin.

Une considération géologique qui, jusqu’à présent, n’a pas été produite, vient confirmer pleinement ma manière de voir. Les