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un voyage

la mer quand elle a mené jusqu’au bout son effort.

Tout ce que je dis là est absurde… On ne saurait croire combien d’idées absurdes l’Allemagne m’inspire. En voici une encore. Je crois solidement, obstinément — bêtement ! — que l’augmentation de l’armée allemande aura pour résultat, et très vite, une importante diminution des naissances. Si l’année prochaine on obtient beaucoup moins de petits Allemands tout neufs qu’on n’en a obtenu cette année, ne comptez nullement sur moi pour en être surprise, — ni fâchée, — car j’aime l’Allemagne à cause de ses antiques vertus dont aucune n’est tout à fait morte ; et je suis sûre que, plus tard, d’excellents esprits renseignés, compétents, démontreront qu’elle grandit encore à partir du moment où, malgré les conseils d’autres excellents esprits, sa population cessa de s’accroître dans les proportions où jusqu’ici nous l’avons vu s’accroître.

Quand les barbares venaient apporter, avec pas mal de dommages, le sang utile aux races qui devaient se renouveler pour faire de nouveaux destins, sans doute il convenait qu’ils fussent innombrables. Attila a besoin de beaucoup de monde à ses talons car il sème beaucoup de cadavres sur les routes. Mais il faut peu de gens pour diriger un laboratoire de chimie, conduire une banque, semer, labourer, récolter. L’augmentation du bonheur général, la grandissante facilité de réussir, sans génie, sans énergies d’exception, ni chances extraordinaires, à développer intégralement sa personnalité ; ces efforts grâce auxquels l’individu moyen vaut