LES MAISONS SACREES
II
Dans la maison de Schiller, on n’éprouve aucune tristesse, mais une impression détachée, lointaine, aérienne. Tout est décent et humble : la pièce où il dormait, si exiguë qu’on y respire à peine ; la belle chambre — pauvre belle chambre ! où aux derniers jours il se fit porter. Là, il endura les suprêmes angoisses, et avec tant de douceur résignée. Il pleura lorsque sur sa demande on lui apporta son dernier-né, pour qu’une fois encore il l’embrassât. Ces larmes exceptées, il n’eut pas de révolte. Un moment il sortit du silence et dit d’un air joyeux : « Bien des choses me deviennent simples et claires. » Une voix anxieuse demanda comment il se trouvait, il répondit : « De plus en plus calme » et, calme, il mourut.
Maintenant, sur le petit lit d’une simplicité presque pénible, les couronnes s’entassent. Et à chaque visite j’y ai vu de mignons bouquets, frais et odorants. L’orgueil allemand veille autour de cette mémoire et encore plus la tendresse allemande.