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les maisons sacrées

tous les talents qu’il pouvait découvrir. On sait avec quel dévouement efficace il servit Wagner devant le génie duquel il restait « le chapeau très bas », mais que d’autres il électrisa ! Quelle action sa générosité, son vouloir rayonnant n’ont–ils pas eue sur la musique de son temps ! Des compositeurs, des virtuoses sans nombre sont venus dans la petite ville, chercher son appui, ses conseils, et l’ardeur qui jaillissait de lui : Brahms, Berlioz, Schumann, Raff, Bulow, Litolff, Tausig, Joachim, Vieuxtemps, Sivori, Pauline Viardot, et des gens de lettres allemands, étrangers, tout un peuple d’intelligences accourait pour se réchauffer à cette flamme.

Carolyne l’aidait dans sa belle tâche. Leur maison était un endroit de paix harmonieuse, qui attirait de loin. Mme  de Wittgenstein savait accueillir et servir. Mais avant tous, elle servait l’ami admirable auquel sa vie appartenait. Dirigeant la pensée de Liszt, écrivant pour lui des articles, des plans de poèmes, le conseillant sur les moindres choses — et quand elle avait conseillé il obéissait toujours — soigneuse de sa santé, de son âme ; maternelle et si profondément éprise…

Cette belle existence, où la douleur de n’être pas mariés mettait cependant une amertume, dura douze années. Puis enfin, après bien des luttes, Mme  de Wittgenstein obtint son divorce en Russie. Mais deux catholiques aussi pénétrés voulaient pour s’unir la sanction de l’église. Il fallait que le mariage de la princesse fût annulé. Il y eut à cela de longs retards. Pour en venir à bout elle décida, en mai