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BRUGES


On ne saisit pas d’abord la mélancolie illustre, mais, au contraire, la gaieté douce de Bruges.

La vie moderne se niche avec souplesse dans les volutes du beau vieux coquillage côtelé, ondulé, sculpté précieusement. Le vent marin, après avoir soulevé les hautes vagues dangereuses, éparpillé leur écume, se calme en passant sur les foins et les feuilles. Il arrive là saturé d’aromes qui ensemble vivifient et apaisent. Avec du sel et des parfums il porte l’image des aventures lointaines et un désir paresseux de les entendre, parmi les verdures sombres, près des géraniums au rouge obstiné, tranquillement assis dans un jardin où s’égouttent les carillons d’argent incertains et délicieux…

Quand, après quelque excursion hors de la ville on y revient le soir, le vent musical et odorant, qui est là et point ailleurs, vous enveloppe comme s’il vous aimait. Il a l’éloquence de ces parfums habituels installés autour d’une femme, endormis par son immobilité, s’exaltant au moindre geste et qui font partie de sa grâce, même dirait-on, de sa pensée.