Page:Bulteau - Un voyage.pdf/285

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
270
un voyage

c’est celui de l’électeur Maurice, l’ami intermittent de Charles-Quint ; la déchirure, c’est le trou de la balle qui, à Sievershausen, au milieu de la victoire, lui creva le poumon. Puis, mêlé à ses choses de luxe et de cruauté, un soulier : le plus joli, le plus insolent soulier de danseuse,

Ensuite, vient la Grünes Gewölbe, et là, on perd conscience de sa propre vie, limitée, astreinte, pour entrer dans le conte féerique où rien n’étant vraisemblable, tout semble possible.

C’est, en des pièces voûtées que leurs fenêtres basses éclairent étrangement, une collection invraisemblable. Cette « voûte verte » caverne secrète et fabuleuse, on ne peut croire qu’on y soit venu tout simplement par la porte, ni qu’un tel spectacle se rencontre dans la sage et pratique Allemagne. Ah ! on est bien loin de l’Allemagne… Rappelez-vous le prince arabe égaré à la chasse. Dans une solitude silencieuse où seules bruissent les palmes que le vent froisse, il aperçoit soudain tout près, un génie enturbanné dont les yeux tentateurs luisent d’un éclat fascinant. Après quelques propos, le génie frappe du pied, le sol s’entr’ouvre et révèle un escalier. Le prince descend, aveuglé de nuit, et brusquement des éclairs colorés s’entrecroisent, détruisant les ténèbres, tout brille si fort que, halluciné, il croit entendre des sons inexplicables — et puis, ces rubis entassés n’ont-ils pas