Page:Bulteau - Un voyage.pdf/288

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
273
dresde

de cette Chute de Lucifer. Certains des vidrecomes, des buires, des plats qui s’entassent dans la galerie verte, sont probablement dus à la main d’Auguste Ier. On ne l’aurait peut-être pas, qui sait ? nommé : « l’œil, le cœur et la tête de l’empire » s’il n’avait pas été un bon tourneur.

Et puis, il y a encore, par centaines, des coupes, des coffrets, des statuettes de marbre rare montés en or, sertis d’or, incrustés d’or. Et un plat de vermeil repoussé, chargé de personnages et d’ornements, le bassin qui servait au baptême des princes. Il a la noble forme d’une rose de vitrail et c’est le plus miraculeux travail. Et les œuvres de Dinglinger : un service à thé, entre autres, tout en or, émail et perles, et un immense surtout d’or, la cour du grand Mongol avec d’innombrables petits hommes d’émail et de pierreries. Ce Dinglinger, de qui le nom tinte comme une pièce d’or tombant sur le marbre, avait toutes les bonnes grâces d’Auguste II, qui l’emmenait avec lui lorsque, élu roi de Pologne, il devait aller à Varsovie. Il lui fallait toujours avoir à sa portée le merveilleux orfèvre et le bagage de lingots, de perles et de gemmes, afin qu’une fantaisie pompeuse lui traversant la tête, ou une nouvelle passion lui remuant le sang, il put aussitôt commander le bijou qui convenait pour satisfaire son goût, ou son amour.

Après cela on trouve les objets d’ambre, blonds et roux, comme du miel, ou d’un jaune opaque et onctueux de cire. Un meuble d’ambre fixe une minute l’attention. C’est un cadeau du roi de Prusse,