Page:Bulteau - Un voyage.pdf/315

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
300
un voyage

sympatique à Christine car, ayant embrassé un grand nombre de saints, il était puissamment riche, et savait l’art d’offrir un cadeau. La reine le nomma gouverneur de Brême. Il fit bâtir un château magnifique ; et, sentimental, lui donna le nom de sa femme. Il réussit à la Cour si intellectuelle de Christine, tellement qu’on l’intitulait — ce soudard, cet incendiaire, ce meurtrier ! — « Protecteur des arts. Et les académiciens de Stockholm le reçurent dans leur docte compagnie – comme « guerroyeur » disent les registres.

Il avait des clients nombreux, et des ennemis aussi, dont il achetait la neutralité, ou bien il les terrifiait. Jusqu’au bout de sa vie, l’académicien brûleur de Prague fit peur. Pour occuper son imagination exigeante et à qui manquaient les joyeuses flambées, les fructueux pillages pleins d’amusantes surprises, — et le reste, — il s’adonnait passionnément à l’astrologie. Vers soixante ans, il mourut dans son lit, exemple peu suivi par les hommes de sa famille.

Son fils, Othon-Guillaume, est aussi un rude soldat épris de camps et de batailles. L’époque heureuse est passée ; finie, hélas ! la guerre de Trente Ans. On ne s’amuse plus de si belle manière. On peut encore s’amuser cependant, car on se bat partout. Les Kœnigsmark sont d’étonnants touristes. À peine les a-t-on vus au service d’un prince, déjà