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moritzbourg

sirs et de passions, de fêtes continuelles, d’aventures. Philippe eut sa bonne part de rapides bonheurs violents. Il vécut là, auprès d’Auguste, neuf ou dix mois d’une existence incroyable. Le maréchal Christophe-Jean ne devait pas s’amuser davantage lorsqu’il voyait les flammes de Prague reflétées par les flaques de sang, ni Othon-Guillaume quand sa bombe fit éclater le Parthénon.

Pourtant, Philippe laisse Venise pour aller en Hongrie se battre contre les Turcs. — De temps à autre, il faut bien obéir à l’automatisme créé par la race. Puis l’Électeur de Saxe ayant trop longtemps embrassé le cadavre de sa maîtresse, morte de maladie contagieuse, quitte brusquement le trône à son frère Auguste, et celui-ci appelle aussitôt le cher Kœnigsmark qui le comprend si bien. Les deux compagnons recommencent à Dresde leur vie vénitienne.

Seulement, soit que le nombre des dames propres à fixer l’attention fût moindre en Saxe que sur les lagunes, soit qu’il y ait différence entre un prince électoral, et un Électeur, soit pour quelque autre raison, Philippe, qui était subtil, s’aperçut bientôt qu’à la cour d’Auguste il n’y avait de place que pour Auguste, et que ce serait imprudence d’y exercer librement ses dons de plaire. Il va en Hanovre, où le duc Ernest-Auguste le nomme colonel de ses gardes.

Là, il trouve les deux êtres qui vont disposer de sa vie : la comtesse de Platen, maîtresse en titre du vieux duc de Hanovre, et Sophie-Dorothée, femme