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un voyage

cadavre, le fait emporter, enfouir. Où ? On ne sait.

Tel est le récit de Sophie-Dorothée qui entendit un bruit confus dans la galerie et ne songea pas à y aller voir. Mais probablement elle s’informa dans la suite… Ce récit est confirmé par les aveux de la Platen à son lit de mort. Mais on raconte bien d’autres choses, et par exemple, que le prince Georges, sachant y trouver Kœnigsmark, entra chez sa femme avec des assassins, que Philippe se défendit de telle sorte, que le prince terrifié lui demanda grâce, puis que dans le tumulte, un des bravi s’étant approché sans être vu donna de son poignard dans les côtes de Kœnigsmark et finit ainsi l’affaire. On dit encore que, garrotté, bâillonné, le malheureux fut jeté dans un four à chaux… Nul ne revit jamais Philippe de Kœnigsmark.

Assez longtemps après la mort du roi Georges d’Angleterre, en faisant quelque restauration au château de Hanovre, on trouva des ossements sous le plancher d’un cabinet de toilette. Étaient-ce les restes du dernier Kœnigsmark ? Et ce cabinet de toilette, celui de la Platen ? La détestable femme, tandis qu’elle mettait le rouge et le blanc dont il s’était tant moqué, continua-t-elle comme dans la nuit assassine de marcher sur son amant ? On ne sait. On ne saura pas…

Sophie-Dorothée comparut devant les juges et nia sa faute avec une irréductible obstination. Le