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un voyage

un tour d’esprit professionnel. Auguste avait ce dégoût presque autant que Louis XIV. D’ailleurs, il aime la comtesse Esterlé. Pour Aurore, c’est fini. Sa faveur a duré dix-huit mois. Est-elle au désespoir, humiliée, un peu triste au moins ? Nullement. Comme elle a trouvé simple et légitime de se donner, elle paraît trouver simple et légitime qu’on la quitte. Les Kœnigsmark ne devaient guère croire aux serments qui engagent l’avenir, ni au devoir moral, ni à rien de ce qui entrave la liberté. Elle ne fait pas la moindre histoire, mais s’accommode. Elle s’est occupée d’obtenir son admission dans la très noble abbaye de Quedlinbourg. On l’y reçoit, elle se trouve en fort grande compagnie et parmi des princesses de sang royal. Plus tard, elle compte bien être abbesse. La voilà aux pieds des autels. Mais ce n’est pas La Vallière, c’est Aurore de Kœnigsmark ! Elle ne va aucunement rester là en prières. Non, non. Le sang erratique de la famille parle. Elle court le monde. On l’aperçoit à Berlin, puis à Stockholm, puis à Leipzig, partout ! Ses affaires vont mal. L’immense fortune laissée par le vieux pillard se vaporise on ne sait comme aux mains de ses descendants. Sans cesse, la religieuse de Quedlinbourg verra par toute l’Europe quelqu’un retenir de l’argent qui lui appartient, quelque autre des bijoux, et ses propriétés fondre. Il faut protester, discuter, plaider, implorer. Il faut encore s’amuser : courir surtout ! Ainsi fait-elle.

Auguste suivant ses conseils, est monté sur le