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moritzbourg

trône de Pologne. À la suite de quoi, la Pologne devient un lieu d’une gaieté singulière. Mais, — j’ignore si elle avait conseillé cela aussi — il attaque Charles XII. Pauvre Auguste, il ne savait pas ce qu’était Charles XII ! Il l’apprend. Il va perdre son trône de hasard, qui sait ? la Saxe aussi peut-être ? On l’abandonne, ses soldats ont peur des Suédois comme les bêtes ont peur du feu. Le sol craque sous lui. L’excellente Aurore quitte tout, s’élance, pleine de dévouement certes, et amusée aussi par la possibilité d’intervenir, de remuer. Elle apporte des consolations, et des avis en même temps. Il faut faire quelque chose, offrir la paix. C’est bien l’avis d’Auguste. Alors qui, mieux qu’elle, une Suédoise, a qualité pour porter au roi de Suède de secrètes propositions ? À ce moment, Auguste s’aperçoit peut-être qu’elle est toujours divinement jolie, et peut-être, se souvient du temps proche encore où, pour l’amour d’elle, il aurait fait la paix, la guerre, n’importe quoi. Enfin il la charge d’aller émouvoir l’ennemi. Et, elle, enchantée, y court.

Aurore avait écrit pour Charles XII des vers que, dit Voltaire, l’histoire ne doit point omettre. Elle introduisait les dieux de la fable qui tous louaient les différentes vertus de Charles. La pièce finissait ainsi :

Enfin chacun des dieux, discourant à sa gloire.
Le plaçait par avance au temple de mémoire,
Mais Vénus ni Bacchus n’en dirent pas un mot.