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ratisbonne

Deux choses, surtout, me paraissent représenter le Moyen Âge : la forteresse, la cathédrale, — guerre et foi. Cachant l’individu sous l’idée, église et forteresse sont immenses. Et les maisons de l’homme, jusqu’à celle où se concentre l’âme de la cité sont petites. L’individu n’a pas encore atteint la pleine conscience, et la fierté de soi. Les chefs même ne se dégagent pas entièrement de la masse humaine ; comme elle, ils se sentent soumis à l’arbitraire qui les limite et les courbe : leur puissance vient de Dieu qui prête seulement et ne donne pas. Et leur droit est d’autant plus précaire que son origine est si haute. Ils bâtissent la forteresse et la font géante pour qu’elle soit une menace visible. Puis afin de propitier le suzerain redoutable, ils dressent la cathédrale jusqu’aux nuages, — jusqu’à la hauteur de leur inquiétude ! Ces deux signes seuls importent. La demeure où la race se continue, loge son travail, sa joie, sa peine est toute étroite, et modeste encore, la maison où les hommes s’assemblent, discutent leurs intérêts quotidiens. Peut-être sans l’esprit de liberté et de critique apporté par la Renaissance, et surtout par la Réforme, aurait-on vu moins de bâtiments vastes et pompeux, élevés par les villes pour mieux affirmer leur orgueil ; par les rois pour abriter leurs plaisirs et leur faste ; par les riches pour satisfaire leur vanité.

Quoi qu’il en soit de cette vaine hypothèse, à Ratisbonne, l’hôtel de ville où tant de fois les princes de l’Empire sont venus assister à ces diètes dans