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ratisbonne

L’église romane de Saint-Emmeran est toute voisine. Au xviiie siècle on l’a remaniée à fond. Le mélange du style hautain, royal, et de la grâce mondaine et tendre, est là extrêmement savoureux. Telle que la voici, cette église austère et sentimentale convient on ne peut mieux au martyr dont elle garde la mémoire.

S’il faut croire sa légende — et il faut toujours croire les légendes ! — Saint Emmeran fut un personnage fort original. Évêque d’Aquitaine, il vint en Bavière au milieu du viie siècle, poussé par un légitime désir d’évangéliser les gens qui avaient grand besoin qu’on les évangélisât. Le souverain du pays, lequel s’appelait Théodon, l’accueille parfaitement, se prend d’amitié pour lui, l’écoute parler, profite de ses leçons et l’entourage de Théodon suit son exemple. Emmeran, sa besogne faite, les âmes bavaroises notablement améliorées, décide de partir pour Rome. Mais, comme il allait se mettre en chemin, Otte, la fille de Théodon, accourt tout en larmes, implorer en secret son appui. Un affreux malheur lui arrive. Positivement elle ne sait que devenir. Et elle raconte : elle aime fort un garçon nommé Sigebaud, bien charmant du reste, mais qui n’est pas en situation d’oser prétendre à la main d’une princesse. Sachant qu’elle ne l’épousera jamais, la pauvre petite Otte a connu de grands chagrins. La tristesse rend faible, Otte a été aussi faible qu’on peut l’être. Et sa faiblesse a eu des suites lamentables. Elle va être mère. Or, dans la famille Théodon, personne ne plaisante avec les