Page:Bulteau - Un voyage.pdf/390

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
375
nuremberg

bon prince aurait aimé l’automobile ! — Il s’arrêtait dans les monastères, demandant l’hospitalité. On la lui accordait sans trop d’enthousiasme, puis il repartait. Quelquefois, ses chevaux crevés de fatigue, il n’en trouvait pas d’autres, alors il réquisitionnait des bœufs, les attelait à sa voiture et, lentement, lentement, s’en allait par les beaux paysages. La guerre faisait rage, l’empire se disloquait : insoucieux, amusé, l’empereur Frédéric coulait doucement sa vie errante.

Un matin, — il avait 78 ans, — fort malade, mais toujours d’humeur joyeuse, il mangea huit melons, but un grand coup d’eau et, peu après, rendit l’âme.

Voilà comment Frédéric III, empereur d’Allemagne et duc d’Autriche, qui avait fondé l’ordre de la Sobriété, mourut d’indigestion.

Ce fut sans doute un personnage de quelque absurdité, mais il avait de la fantaisie et puis il donnait des gâteaux aux petits enfants de Nuremberg…

Je monte à la Burg où, il faut le dire, on a fait jadis beaucoup d’horreurs dans le genre « reconstitution », — des horreurs comme depuis longtemps on n’en commet plus à Nuremberg.

La vue sur les toits de tuiles est merveilleuse et charmante. Elles sont très noires ces tuiles, et rouges pourtant ; la vive couleur perce la patine, lui cède, disparaît, reparaît. C’est, à regarder, un délice