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un voyage

n’y tiendrait pas, mais un cadavre, oui. Il faut malgré soi penser au geste lent qui ouvrait sans bruit l’étrange porte, et aux gens qui dans ce réduit obscur, attendirent l’heure de l’amour, ou du couteau. Les aventures passionnées et sanglantes de l’Italie tragique ont laissé des mémoires indistinctes dans ce bout de couloir, luisant de ripolin, dans cette salle de bains aux faïences blanches.

Je m’en vais à pied vers San Petronio, et je fais maint détour.

Bologne est d’une couleur chaude et forte. Les arcades mettent à la base des maisons de puissantes ombres qui, par contraste, animent les tons des murailles. Et ces arcades, avec leurs courbes répétées continuellement, excitent l’esprit. Les palais ont une noblesse sérieuse. Et quelle grandeur ! Toute architecture semble petite et craintive quand on la compare aux belles architectures d’Italie.

Les ornements de ces palais, construits pour des fiertés sans exemple, ont une grâce sobre. Leur beauté résulte de la communion des lignes. On dirait qu’un vouloir unique a mené tant d’artistes divers. Rien d’isolé, d’accidentel. Les formes se rejoignent à travers l’espace et se perfectionnent l’une l’autre. Ce qu’on vient de voir explique ce qu’on regarde.