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bologne

un crucifix au poing, devant les soldats du Seigneur, excitant leur courage à massacrer les infidèles. Et puis les bons esprits sont sûrs que, tandis qu’on s’égorgeait, lui, resta en prière dans l’église. Vraisemblablement ceux-ci ont raison. Mais que demandait-il à Dieu, ce saint ? Qu’hérétiques, et soldats de la juste cause, se rappelant soudain les paroles de Jésus, posassent les armes pour s’embrasser ? Oui, il devait demander cela. Et, si Dieu ne voulait pas qu’il en fût ainsi, eh bien il demandait que les méchants hérétiques eussent le destin qu’ils méritaient. Ce destin, on sait le tour qu’il prit. Au résumé, cela ne rassure pas le cœur de voir un saint travailler avec Simon de Montfort, lequel était un personnage extrêmement atroce. Et aussi, le zèle de saint Dominique et ses méthodes aboutirent à Torquemada. Il est vrai que, pour celui-là, on ne l’a point canonisé.

Les Inquisiteurs étaient, j’imagine, portés du même esprit que les gens de la Révolution française. Les bûchers et la guillotine sont pareillement des moyens pour imposer à autrui son propre idéal. Nul parti pris de cruauté, chez ces brûleurs et guillotineurs, seulement ils étaient sûrs d’avoir raison, et sûrs que tous les autres avaient tort. Cela mène loin.

Dans l’église de saint Dominique, Guide est enterré. À la fin du xviie siècle, on ouvrit sa tombe