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bologne

fresques dans la chapelle de Saint Janvier. Guide vint, mais pas pour longtemps. D’abord un de ses valets fut, certaine nuit, rossé presque à mort ; en quittant le malheureux, ses bourreaux lui recommandèrent bien de dire à son maître que cette correction, toute symbolique, signifiait que lui, Guido Reni, eût à décamper au plus vite, sinon il en recevrait autant, et davantage. Aussitôt Guide devint fort rêveur. Ensuite on invita deux élèves qui l’aidaient dans son travail, à venir s’amuser sur une galère qui se trouvait dans le port. Dès qu’ils y furent, la galère leva l’ancre, et on ne revit plus les deux garçons. Guide, cessant de rêver, abandonna Saint-Janvier à la Mafia triomphante, et courut tout d’un trait à Bologne.

Dominiquin fut moins sage. Le vice-roi l’avait aussi fait venir pour peindre la chapelle du saint, tant chéri par ses sujets. Mais le redoutable trio veillait. Le prince ayant prononcé des peines sévères contre qui « menacerait, outragerait ou maltraiterait » Dominiquin, on ne donna au pauvre artiste ni coups de bâtons ni coups de poignard, on se borna pour commencer à mettre de la cendre dans la chaux dont il préparait ses enduits : et les fresques s’écaillèrent à peine sèches. Ensuite, on vint régulièrement effacer pendant la nuit, son ouvrage du jour. Tout ceci le retarda grandement, il ne put livrer la commande à l’heure dite. Le vice-roi lui donna du temps. Mais survint un tremblement de terre. Le peuple était affolé. Lanfranc, le plus pervers des trois méchants peintres, suggéra de rendre