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ravenne

d’un cœur affreusement amer. Elle faisait tuer ceux qui gardaient trop bien la mémoire de son passé. Et elle, elle n’oubliait rien du passé. Sous la pourpre ourlée d’or son affreuse vie collait à sa chair. Vainement était-elle devenue impératrice, et vertueuse : elle se souvenait ! Sa vieillesse eût été horrible sans doute, mais, épuisée, dévorée par les excès anciens, elle mourut avant d’être vieille.

Un an plus tôt, l’église de San Vitale avait été ouverte au culte, étalant sur son mur d’émail et d’or, ce portrait où un naïf artisan révéla les secrets tristes de la toute puissante femme qui menait le monde.

Près de San Vitale, on trouve San Nazario e Celso : le mausolée de Galla Placidia. Une toute petite chapelle, et si grande ! La lumière traverse à peine les plaques d’albâtre des fenêtres. La voûte est basse. On avance dans une caverne bleue. Quoiqu’elles aient subi, les mosaïques de ce tombeau créent une émotion extraordinaire. Ce bleu obscur percé d’étoiles, évoque les nuits d’été pleines d’une solitude et d’un silence absolus, et fait songer à un ciel que nul œil humain n’aurait regardé.

Rien ne donne mieux le sentiment de l’infini que ce ciel enfermé dans une tombe.

Quelques sarcophages sont là : celui d’Honorius, celui de Constance III et, au fond, celui de Galla Placidia. Jadis il était revêtu d’argent : quelqu’un