Page:Bulteau - Un voyage.pdf/483

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
468
un voyage

Plus tard, le valet de Pavanello a raconté qu’il vit son maître revenir à l’aube, la face blanche et haletant « comme un homme poursuivi par les sbires », lui ordonnant de laver des linges sanglants qu’il tenait à la main. Seulement, c’est sous la torture que le valet avoua ces choses. Et Pavanello soutint jusqu’au bout qu’il était, ce soir-là, rentré à dix heures pour ne plus ressortir.

Le lendemain, il se présente au palais Obizzi, témoigne d’une grande douleur, et jure que les ennemis de Pio ont sûrement fait ce coup damnable. On lui offre de l’introduire dans la chambre mortuaire. Il refuse avec horreur. Il ne peut pas voir la marquise, il l’aimait trop !

La famille se réunit, on décide que nul ne convient mieux qu’Attilio, pour porter au marquis la déchirante nouvelle. Il va partir avec Ferdinand. Mais d’abord il rend visite aux magistrats, afin de leur dire son opinion sur le drame. On lui montre deux objets trouvés auprès du cadavre : un rasoir sans manche, et un bouton d’or repercé plein d’ambre odoriférant, et tel qu’en portent au col les élégants. Il demande qu’on lui donne le bouton. Le magistrat refuse. Il insiste. On devrait l’arrêter là-dessus, semble-t-il ? On ne l’arrête pas. Et il se met en chemin avec Ferdinand et quelques serviteurs. L’un d’eux remarque qu’il a des égratignures au visage, et à la main droite des entailles, qu’il essaye de cacher : « Qu’est-ce là ? — Un chat m’a griffé. » L’autre riposte : « Les chats ne font pas de coupures. » Ferdinand a vu les cicatrices, il entend ce dialogue. Que pense Ferdinand ?