Page:Bulteau - Un voyage.pdf/497

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
482
un voyage

sion flotte. Ils regardent vaguement, au hasard, sans intention, sans projet, sans vouloir. Et ces figures, malgré leur ferme ossature, sont molles, Plus tard, ces jeunes gens indécis, aux corps flexibles, porteront de lourdes cuirasses, et avec de grandes épées frapperont de grands coups ?… J’imagine plutôt que, soudain las d’élégance, de dissipation, de fêtes profanes, ils iront au monastère et verront la Vierge leur apparaître, si belle… Une vierge semblable à celles qui sont là toutes proches, peintes par Bonfigli : longues jeunes femmes aux traits fins, aux grands fronts pleins de molles rêveries. Leurs gestes sont lents ; les plis de leurs manteaux, on sait bien que jamais un mouvement vif n’en rompra l’harmonie. Elles baissent les yeux. L’une a son divin fils sur les genoux. Elle ne de le regarde pas, ni les anges agenouillés au bord sa robe. Elle ne regarde rien de ce qui existe. Le paysage d’Ombrie l’a, elle aussi, chassée hors du monde.


ASSISE


De loin, posée sur la colline parmi les feuillages, Assise semble un ostensoir. Quand on approche, la grande basilique, et l’immense couvent qui la flanque, prennent un air de forteresse. L’endroit est plein d’orgueil.

Dans les rues grimpantes, on rencontre à chaque