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l’ombrie

pas quelque maison noble ou familièrement jolie ; des murs s’écartent et le grand paysage, soudain révélé, brille dans la pure lumière. Voici un fragment de temple antique aux belles colonnes ; la cathédrale avec sa rose si ample et si délicate. On redescend et c’est l’église de Sainte-Claire. Une nonne, qui se cache soigneusement, offre de montrer la momie de la sainte. Le spectacle ne coûterait pas bien cher. Je le refuse pourtant… Sainte-Claire, âme fine et secrète, auriez-vous songé avec plaisir que l’on exhiberait vos restes à la curiosité des passants ?…

Me voici enfin dans la basilique de Saint-François. Je me garderai de la décrire ! Qui n’est venu dans les ombres de l’église basse, qui n’a contemplé avec dévotion sur les murs de l’église haute les peintures mourantes, ou, hélas ! restaurées ?

C’est une admirable église. Trop admirable peut-être… Quand on l’a vue, on visite le réfectoire du couvent. Saint-François disait : « Je considère comme un grand trésor de ne rien posséder de tout ce que prépare l’industrie humaine. » Il n’eût pas approuvé cette salle magnifique.

Ensuite, on va dans le long promenoir suspendu sur la vallée. Rien de si beau. Le vaste paysage, encadré par les colonnes, a une noblesse hautaine et qui rend le cœur hautain, car dans cette galerie splendide, on sent qu’on est le maître de ce paysage, on règne sur lui. Ce ne sont pas des pauvres moines que l’on imagine là, rêvant aux bonheur du ciel. Plutôt, des prélats vêtus de soies