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l’ombrie

pour comprendre, de bois pour juger, de feu pour se courroucer, de fer pour pardonner ; trompeurs comme des renards, orgueilleux comme des taureaux, aussi avides et insatiables que le minotaure ». Ce n’est pas de là que tombent les consolations. Ce n’est pas non plus des cloîtres où se réfugient ceux qui veulent penser, étudier sans qu’on les dérange et ceux qui veulent vivre à l’aise et hors du péril. Ce n’est pas encore des huttes où les anachorètes rêvent dans le silence et la solitude. Nulles paroles ne venaient de tous ces lieux rafraîchir les pauvres cœurs, nul exemple pour redresser les volontés. François parle, il apporte l’exemple et l’espoir. Il n’est pas un prêtre — jamais il ne reçut les ordres. Il n’est pas un moine — le propre du moine, c’est d’être clos en un couvent ; François errait sous le ciel, et il n’aimait guère les couvents ; l’orgueil et l’avarice sont des prisons, pensait-il, et les habitudes du cloître sont aussi des prisons. Il est un homme parmi les hommes : le frère ! C’est là le secret de son action. Il ne rêvait pas de fonder un ordre, d’être un chef, mais seulement de prouver que l’on peut être heureux. « Personne ne me montrait ce que je devais faire », dit-il dans son testament. Certes !

Pour qu’on lui permette d’être pauvre, et saint à sa manière, il se montre respectueux envers l’Église, et même avec quelque ostentation. Il commande à ses frères de saluer les prêtres qu’ils rencontrent, et de baiser les pieds de leur cheval. Il est soumis au pape très humblement ; mais il défend