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l’ombrie

Un an d’absence suffit pour que la physionomie de l’ordre, son intention soient changées. François a vu en rêve une malheureuse poule noire qui s’efforçait vainement d’abriter ses poussins sous ses ailes. Les poussins échappaient, échappaient… Ainsi sa famille lui échappe. À Bologne, il trouve des frères installés, chez eux, dans un bon couvent. Il leur ordonne d’en sortir. Ils sont très fâchés. Mais Hugolin arrive, déclare que la maison lui appartient, et que les frères y sont par sa volonté. François cède tristement. C’est Hugolin encore qui persuade François qu’il ne saurait plus longtemps rester à la tête de l’ordre. Il faut un administrateur pour mener cet immense troupeau. Lui, François, n’est qu’un saint… Il cède encore. Résister, ne serait-ce pas se démentir ? Pour successeur, — ce n’est pas lui sans doute qui l’a choisi ! — il aura Pierre de Catane, un noble, et un docteur ès lois. Un grand chapitre se tient. On y arrête les termes d’une nouvelle règle. On en biffe l’article où François avait mis tout son espoir : N’emportez rien avec vous. Et puis il abdique : « Désormais, dit-il aux frères, je suis mort pour vous ; mais voici frère Pierre de Catane, auquel vous et moi nous obéirons tous. »

Les frères pleurent à grand bruit. Et, sans doute, ils sont bien contents au fond du cœur.

François vécut cinq ans encore après ce jour si triste. Sa réputation grandissait sans cesse. Les