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l’ombrie

cultivait des roses. Il y a encore des roses. On les cueille, on les colle sur des papiers à bord de dentelle, et on les vend dans la luxueuse église… Pauvre François !

Qu’importe tout cela ! Il offrait la liberté : et l’instinct d’esclavage a ressaisi les fils chers à son cœur ? Qu’importe ! Les fils de saint François, ce ne sont pas tels moines. Ce sont tous les êtres, religieux, laïcs, incroyants même, que tentent les rêves supérieurs. Tous ceux qui voudraient, ou qui veulent se donner sans restriction, accepter la souffrance qui purifie, et l’aimer. Ceux que le sacrifice enivre, qui domptent l’horreur du lépreux, l’amour des pièces d’or, le goût de la gloire. Ceux qui travaillent non pour le pain quotidien, mais pour un idéal, et, vainqueurs d’eux-mêmes, saignants, joyeux, sont libres.

Ma longue course va finir. Les figures si nombreuses, sorties toutes vivantes du passé se décolorent, reculent. La douce et puissante figure de saint François rayonne, solitaire… Pourtant, sur cette belle colline d’Assise, verte, dorée, si calme dans le soleil d’automne, je songe à une colline du pays allemand. La colline où, après une nuit d’orage, mourut celui qui, d’une voix forte, nous a