Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874, tome I.djvu/139

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« Voulez-vous demander si monsieur de Vautran est satisfait ? » dis-je à Vincent, et je me retirai à quelque distance.

« Son témoin, me dit Vincent (après une courte conférence avec lui), a répondu à ma question, que la blessure de M. de Vautran ne lui laissait pas pour le moment le choix. » Là-dessus je pris le bras de Vincent et nous remontâmes dans ma voiture.

« Je vous fais mon sincère compliment du succès de ce duel, me dit Vincent, M. de M… (le second de Vautran) m’avait appris, lorsque je suis allé le trouver, que votre adversaire était un des tireurs de pistolet les plus renommés de Paris, et qu’une dame qu’il aimait depuis longtemps, avait mis pour prix à ses faveurs, la mort de l’homme qui porterait cette chaîne. Vous êtes diablement heureux, mon bon ami, que sa main ait tremblé comme cela ; mais je ne savais pas que vous fussiez si bon tireur !

— Oh ! répondis-je, je ne suis pas ce qu’on appelle dans le monde un tireur consommé ; ainsi je ne saurais pas fendre une balle à quinze pas sur une lame de canif, mais je réponds de toucher à tout coup un but moins large qu’un homme : et sur le terrain ma main est aussi sûre que dans un tir.

Le sentiment de nos forces les augmente, répliqua Vincent. Dois-je dire au cocher de nous conduire au Rocher de Cancale ? »