Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874, tome I.djvu/196

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CHAPITRE XL


En entrant, je vis plusieurs têtes qui marquaient la mesure de l’air de « Cherry ripe. » Toute une rangée de cols raides, ornés de cravates d’une longueur et d’une largeur irréprochables, se dressait devant moi. Un grand jeune homme maigre avec des cheveux noirs et rudes et la raie sur le côté, était occupé à mettre des gants blancs de Woodstock, et affectait de promener son regard tout autour de la salle, avec une suprême indifférence de bon ton.

« Ah ! Ritson, dit un autre jeune Cheltenhamois à l’homme aux gants de Woodstock, est-ce que vous n’avez pas encore dansé ?

— Non, Smith, sur mon honneur, répondit M. Ritson, il fait une chaleur si insupportable ! les gens comme il faut ne dansent pas. Cela ne se fait plus.

— Ah ! reprit M. Smith qui avait l’air d’un excellent garçon, et qui portait un habit bleu à boutons de cuivre, avec une épingle d’or à sa cravate : Ah ! est-ce qu’on ne danse pas à Almack ?

— Non, sur l’honneur, murmura M. Ritson, on peut encore se permettre de marcher un quadrille ou de tourner une valse, comme dit mon ami lord Bobadob, rien de plus, mais au diable la danse, il n’y a rien de si mal porté ! »

Un gros homme à la face rouge, d’une trentaine d’années, avec des cheveux d’un blond cendré, tout mouillés, un gilet éblouissant et un jabot mal repassé, vint rejoindre MM. Ritson et Smith.