Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874, tome I.djvu/257

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CHAPITRE LII


Vincent vint me voir le jour suivant.

« J’ai une nouvelle à vous apprendre, me dit-il, quelque chose d’assez lugubre. Lugete, Veneres cupidinesque. Vous vous rappelez la duchesse de Perpignan ?

— Je crois bien, lui répondis-je.

— Eh bien, poursuivit Vincent, elle n’est plus. Sa mort a été comme sa vie. Elle était sur le point de donner un grand bal en l’honneur des principaux étrangers, de passage à Paris, la veille elle fut prise d’une éruption épouvantable à la face. Elle fit venir des médecins, elle était au désespoir. « Guérissez-moi pour demain, leur dit-elle, et je vous donnerai ce que vous voudrez. — Madame, il est impossible de le tenter sans mettre votre vie en danger. — Allez au diable avec vos précautions ! dit la duchesse, qu’est-ce que la vie quand on est défiguré par une éruption. » Les médecins la prirent au mot et on lui appliqua un emplâtre sur la face, le lendemain la duchesse était plus belle que jamais, la fête eut lieu, elle était encore une Armide, une grande enchanteresse. Le souper fut annoncé. Elle prit le bras de l’ambassadeur de *** et traversa une foule enthousiaste et ravie. Elle s’arrêta un moment à la porte, tous les yeux étaient dirigés sur elle. Une convulsion effrayante agita son visage, ses lèvres tremblèrent, elle tomba à terre avec d’horribles contorsions. On la mit au lit. Elle resta pendant quelques jours sans connaissance ; lorsqu’elle revint à elle, elle demanda un miroir,