Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 2.djvu/101

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défense de la noblesse : mais — fait caractéristique — il ne s’appuie pas sur un sentiment inné, il invoque l’autorité d’Aristote, qui, dans le livre V de Politique, reconnaît la noblesse comme une chose réellement existante et la définit une prérogative qui repose sur la distinction personnelle appuyée d’un grand patrimoiae. Niccoli réplique qu‘Aristote parle ainsi, non pour exprimer sa conviction personnelle, mais pour reproduire l‘opinion générale ; que, dans son Éthique, où il dit ce qu’il pense, il appelle noble celui qui aspire au vrai bien. En vain Laurent de Médicis lui oppose le terme grec qui désigne la noblesse, c’est-à-dire le mot qui veut dire naissance illustre (euyevEïa) ; Niccoli trouve que le mot latin nohilis, c’est-à-dire remarquable, est plus juste en ce qu’il fait dépendre la noblesse des actions [1].

De plus, l’auteur esquisse de la manière suivante la situation de la noblesse dans les différentes parties de l’Italie. À Naples, la noblesse est paresseuse et ne s’occupe ni de ses biens, ni du commerce, qui est réputé infâme, ou bien elle perd tout son temps à la maison [2] ou monte à cheval. La noblesse romaine méprise aussi le commerce, mais du moins ehe administre elle-même ses biens ; il y a plus : celui qui cultive la terre arrive naturellement à être noble [3] ; « c’est une noblesse hono-

  1. Le même mépris de la noblesse de la naissance se rencontre iréquemment chez les humanistes. Comp. les passages virulents qn’on trouve dans Sylvius Æn., Opéra, p. 84. {Hist. bohem., cap. ii et 640. {Hist. de Lmrhce et eTEuryale.)
  2. Même dans la capitale. Comp. Bandello, parte II, nov. 7. — Joviani Pontani ântonim, où l’on ne fait remonter qu’aux Aragonais la décadence de la noblesse.
  3. Ce qui est certain du moins, c’est que, dans toute I‘Italie, on ne faisait aucune distinction entre celui qui avait des rentes considérables en terres et le gentilhomme. — Est-ce une simple flatterie quand .T. A. Campanus, remaniant le récit de Pie II {Cvmmentarii, p, 1), dit qu’étant enfant il aidait ses parents dans les