Page:Burckhardt - La civilisation en Italie au temps de la Renaissance. Tome 2.djvu/106

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de montrer de la force et du courage, que les individus habitués à ces exercices ne veulent pas laisser échapper, quelle que soit d’ailleurs leur naissance [1].

En vain Pétrarque avait-il flétri en termes énergiques l’habitude des tournois comme une folie dangereuse ; il ne convertit personne par son exclamation pathétique « On ne lit nulle part que Scipion ou César aient rompu des lances [2] ! » C’est précisément à Florence que la chose devint tout à fait populaire ; le bourgeois se mit à regarder les tournois, bien qu’ils eussent lieu sous une forme assez anodine, comme une sorte de plaisir régulier ; Franco Sacchetti [3] nous a conservé la description

  1. Senarega, De reh. Gen., dans Murât., XXIV, coL 525. Lors dn mariage de Jean Adurnusavec Leonora de Sanseverino ; Certamina equestria tn Sarzano édita smU... proposita et data mctoribas præmia, Ludi muUt/ormee tn pàlatio eeleh'afi a guibus tamquam a re nova pendebat plebs et integroe dies ilUs speetantibue impendebai, Ange Polîtien, dans une lettre à Jean ic, parle d’an jeu équestre de ses élèves (Ang. POL., Epist., lib. XII, ep. 6) : Tu tamen a me eolos fieri poetas aut oraiores ptaos, at ego tien minus faeiù bellatores, — Ortensio Landi raconte dans le CommentaHo (voir rappeodice n“ 2), fol. 180, un combat singulier qui eut lieu entre deux soldats à Coreggio, conibat suivi de mort d’bomme, qui rappelle tout à fait ies anciens combats de gladiateurs. (L’anteur, qui d’ordinaire laisse libre carrière à son imagination, produit ici l’impression d’un écrivain véridique.) Du reste, il ressort des passages cités que, pour prendre part à des combats publics de ce genre, il n'était pas nécessaire d’étre chevalier.
  2. Petrarca, Epist. senti., XI, 13, à Hugo, marquis d’Este. fil ne s’agit donc pas d’un fait arrivé à Florence.) Dans un autre passage, qui se trouve dans les Epist. famil., lib. V, ep. 6 féd. FracasSETTi, vol. 1, p. 272, déc. 1343), il décrit l'horreur qu’il éprouva en voyant tomber un chevalier dans un tournoi qui avait lieu à Naples. (Sur la réglementation des tournois à Naples, comp. dans Fra- cassetti, traduction ital. des lettres de Pétrarque, Florence, 1864, H, p. 34.)— L. B. Alberti s’élève contre les dangers, l’inutilité des iournois, les frais qu'ils occasionnent. Deüafamigiia, Opp. vülg. II, p. 229.
  3. Nov, 64. - C’est pour cela qu’ou lit dans YOrlandino (ii, str. 7) a propos d’un tournoi qui eut lieu sous Charlemagnc :Là combat¬ tirent, non pas des cuisiniers et des marmitons, mais des rois des ducs et des margraves.